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Côte d’Ivoire: Qui Sont Les Véritables Bénéficiaires Du Boom De l’Or? - Société - Ivoireland

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RomeoIvoire RomeoIvoire le 26 décembre 2024 à 11:56

La ruée vers l'or en Côte d’Ivoire transforme le paysage économique et social du pays. Entre opportunités de développement, exploitation artisanale anarchique et impacts environnementaux, cette industrie en plein essor soulève des questions cruciales. Mais qui profite vraiment de cette richesse souterraine ?

Un phénomène ancien qui prend de l’ampleur


Dans les régions du Bélier et de Goh-Djiboua, les villages d’antan ont laissé place à de véritables microcosmes urbains, animés par l’effervescence de l’orpaillage. Cette pratique n’est pourtant pas nouvelle. Historiquement liée à certaines ethnies d’Afrique de l’Ouest, comme les Mossi, l’extraction de l’or était une activité marginale et traditionnelle. Mais la crise politique de 2010 a bouleversé cette répartition, déplaçant l’orpaillage de son foyer traditionnel du nord vers le sud et l’ouest ivoiriens.

Selon le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), au moins 241 sites illégaux étaient recensés en 2022, abritant plus de 23 000 orpailleurs. Mais ces chiffres officiels paraissent largement sous-estimés face à l’évidence d’une activité florissante et difficile à contrôler. Sur le terrain, les méthodes d’exploitation varient, allant des dragues dans les cours d’eau aux creusements manuels de puits, appelés damans, qui descendent parfois à plus de cent mètres de profondeur. Ces techniques artisanales, bien que rudimentaires, ont permis à des milliers de personnes d’espérer une ascension sociale rapide.

Une richesse aux multiples dangers
À première vue, les sites d’orpaillage incarnent l’espoir d’un avenir meilleur pour des travailleurs souvent marginalisés. Mais l’épuisement physique et les risques omniprésents sont le prix à payer pour une activité aussi hasardeuse. Les galeries peuvent s’effondrer à tout moment, des incendies accidentels surviennent fréquemment, et l’asphyxie constitue une menace permanente. « Ce n’est pas un travail qu’un homme doit faire toute sa vie, mais une solution temporaire pour survivre », confie Yacoub*, un creuseur rêvant de quitter le pays.

Au-delà des dangers immédiats, les techniques d’extraction ont un impact environnemental catastrophique. Le mercure utilisé pour amalgamer l’or se disperse dans les sols et les cours d’eau, empoisonnant les écosystèmes et les communautés avoisinantes. Les montagnes de déchets miniers prolifèrent, transformant les paysages en champs de ruines. Ces conséquences environnementales, bien que documentées, restent largement ignorées dans l’urgence de tirer parti de cette manne économique.

Un État pris entre répression et contradictions


Face à cette prolifération, les autorités ivoiriennes ont intensifié leur lutte contre l’orpaillage illégal. Des brigades spéciales sont déployées pour confisquer équipements et minerais. Cependant, cette politique de tolérance zéro se heurte à une réalité complexe : la corruption systémique. « Les gendarmes sur le terrain connaissent souvent les orpailleurs, qui sont parfois leurs propres parents », témoigne un mineur. Cette connivence, mêlée à des pratiques de racket, affaiblit les efforts de contrôle.

Pour compenser les pertes liées à l’exploitation clandestine, le gouvernement a mis en place des permis artisanaux et semi-industriels. Ces autorisations légalisent certaines activités, offrant aux investisseurs un cadre officiel pour exploiter des zones précises. Mais comme le souligne l’anthropologue Muriel Champy, « les conditions de travail et les techniques utilisées sur ces sites restent largement similaires à celles des exploitations clandestines ». La formalisation, loin d’améliorer la situation des travailleurs, semble surtout bénéficier à des acteurs économiques plus puissants.

Le paradoxe des mines industrielles
Les grandes mines industrielles, comme celles opérées par la société canadienne Allied Gold dans la région de Goh-Djiboua, représentent une alternative structurée. Avec 2 000 employés et des protocoles de sécurité avancés, elles incarnent une exploitation plus rationnelle. L’actuel code minier ivoirien impose par ailleurs aux entreprises de consacrer 0,5 % de leur chiffre d’affaires à des projets de développement local. Cependant, ces initiatives, bien que louables, ne résorbent pas les profondes inégalités sociales et environnementales qu’elles engendrent.

À Hiré, ville minée par deux décennies d’extractivisme, des villages entiers ont été déplacés pour faire place aux sites industriels. Les infrastructures construites, comme les routes ou les écoles, peinent à compenser les pertes culturelles et environnementales subies par les communautés locales. Une habitante s’inquiète : « La mine progresse chaque année. Peut-être qu’un jour, elle engloutira la ville ».

L’essor de l’or en Côte d’Ivoire offre un paradoxe frappant. D’un côté, il constitue une ressource essentielle pour le développement économique du pays, avec des perspectives de croissance significatives. D’un autre côté, il expose les populations vulnérables à des conditions de vie et de travail extrêmes, tout en provoquant des dégâts environnementaux durables.

Pour trouver un juste équilibre, le gouvernement devra non seulement renforcer les régulations existantes, mais aussi veiller à ce que les retombées économiques bénéficient à toutes les couches de la société. Dans un contexte mondial où les ressources naturelles deviennent de plus en plus stratégiques, la question demeure : comment concilier exploitation minérale et développement durable en Côte d’Ivoire ?

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Image de Société. La ruée vers l'or en Côte d’Ivoire transforme le paysage économique et social du pays. Entre opportunités de développement, exploitation artisanale anarchique et impacts environnementaux, cette industrie en plein essor soulève des questions cruciales. Mais qui profite vraiment de cette richesse souterraine ? Un phénomène ancien qui prend de l’ampleur Dans les régions du Bélier et de Goh-Djiboua, les villages d’antan ont laissé place à de véritables microcosmes urbains, animés par l’effervescence de l’orpaillage. Cette pratique n’est pourtant pas nouvelle. Historiquement liée à certaines ethnies d’Afrique de l’Ouest, comme les Mossi, l’extraction de l’or était une activité marginale et traditionnelle. Mais la crise politique de 2010 a bouleversé cette répartition, déplaçant l’orpaillage de son foyer traditionnel du nord vers le sud et l’ouest ivoiriens. Selon le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), au moins 241 sites illégaux étaient recensés en 2022, abritant plus de 23 000 orpailleurs. Mais ces chiffres officiels paraissent largement sous-estimés face à l’évidence d’une activité florissante et difficile à contrôler. Sur le terrain, les méthodes d’exploitation varient, allant des dragues dans les cours d’eau aux creusements manuels de puits, appelés damans, qui descendent parfois à plus de cent mètres de profondeur. Ces techniques artisanales, bien que rudimentaires, ont permis à des milliers de personnes d’espérer une ascension sociale rapide. Une richesse aux multiples dangers À première vue, les sites d’orpaillage incarnent l’espoir d’un avenir meilleur pour des travailleurs souvent marginalisés. Mais l’épuisement physique et les risques omniprésents sont le prix à payer pour une activité aussi hasardeuse. Les galeries peuvent s’effondrer à tout moment, des incendies accidentels surviennent fréquemment, et l’asphyxie constitue une menace permanente. « Ce n’est pas un travail qu’un homme doit faire toute sa vie, mais une solution temporaire pour survivre », confie Yacoub*, un creuseur rêvant de quitter le pays. Au-delà des dangers immédiats, les techniques d’extraction ont un impact environnemental catastrophique. Le mercure utilisé pour amalgamer l’or se disperse dans les sols et les cours d’eau, empoisonnant les écosystèmes et les communautés avoisinantes. Les montagnes de déchets miniers prolifèrent, transformant les paysages en champs de ruines. Ces conséquences environnementales, bien que documentées, restent largement ignorées dans l’urgence de tirer parti de cette manne économique. Un État pris entre répression et contradictions Face à cette prolifération, les autorités ivoiriennes ont intensifié leur lutte contre l’orpaillage illégal. Des brigades spéciales sont déployées pour confisquer équipements et minerais. Cependant, cette politique de tolérance zéro se heurte à une réalité complexe : la corruption systémique. « Les gendarmes sur le terrain connaissent souvent les orpailleurs, qui sont parfois leurs propres parents », témoigne un mineur. Cette connivence, mêlée à des pratiques de racket, affaiblit les efforts de contrôle. Pour compenser les pertes liées à l’exploitation clandestine, le gouvernement a mis en place des permis artisanaux et semi-industriels. Ces autorisations légalisent certaines activités, offrant aux investisseurs un cadre officiel pour exploiter des zones précises. Mais comme le souligne l’anthropologue Muriel Champy, « les conditions de travail et les techniques utilisées sur ces sites restent largement similaires à celles des exploitations clandestines ». La formalisation, loin d’améliorer la situation des travailleurs, semble surtout bénéficier à des acteurs économiques plus puissants. Le paradoxe des mines industrielles Les grandes mines industrielles, comme celles opérées par la société canadienne Allied Gold dans la région de Goh-Djiboua, représentent une alternative structurée. Avec 2 000 employés et des protocoles de sécurité avancés, elles incarnent une exploitation plus rationnelle. L’actuel code minier ivoirien impose par ailleurs aux entreprises de consacrer 0,5 % de leur chiffre d’affaires à des projets de développement local. Cependant, ces initiatives, bien que louables, ne résorbent pas les profondes inégalités sociales et environnementales qu’elles engendrent. À Hiré, ville minée par deux décennies d’extractivisme, des villages entiers ont été déplacés pour faire place aux sites industriels. Les infrastructures construites, comme les routes ou les écoles, peinent à compenser les pertes culturelles et environnementales subies par les communautés locales. Une habitante s’inquiète : « La mine progresse chaque année. Peut-être qu’un jour, elle engloutira la ville ». L’essor de l’or en Côte d’Ivoire offre un paradoxe frappant. D’un côté, il constitue une ressource essentielle pour le développement économique du pays, avec des perspectives de croissance significatives. D’un autre côté, il expose les populations vulnérables à des conditions de vie et de travail extrêmes, tout en provoquant des dégâts environnementaux durables. Pour trouver un juste équilibre, le gouvernement devra non seulement renforcer les régulations existantes, mais aussi veiller à ce que les retombées économiques bénéficient à toutes les couches de la société. Dans un contexte mondial où les ressources naturelles deviennent de plus en plus stratégiques, la question demeure : comment concilier exploitation minérale et développement durable en Côte d’Ivoire ?

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