12.000 Nouveaux Cas d’Insuffisance Rénale Par An En Côte d'Ivoire - Santé - Ivoireland

La progression fulgurante de l’insuffisance rénale chronique (IRC) en Côte d’Ivoire inquiète les spécialistes de la santé. Avec 12 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, cette pathologie silencieuse met en évidence la nécessité de mesures préventives et d’un système de soins plus accessible. Lors d’une récente conférence de presse, Jean Guillaume Boza, président de l’ONG Groupe santé rénale Côte d’Ivoire (GSR-CI), a tiré la sonnette d’alarme sur l’ampleur de ce phénomène et sur les défis à relever pour enrayer cette crise sanitaire.

Une pathologie silencieuse aux conséquences dramatiques

L’insuffisance rénale chronique se définit comme l’incapacité progressive des reins à éliminer les toxines et à maintenir l’équilibre hydrique de l’organisme. Cette défaillance majeure peut rester asymptomatique pendant de nombreuses années, compliquant ainsi son diagnostic précoce. Les principaux facteurs de risque identifiés incluent le diabète et l’hypertension artérielle, des maladies elles-mêmes en progression rapide en raison de l’évolution des habitudes alimentaires et de vie.

Selon les spécialistes, les tests de laboratoire représentent le seul moyen fiable pour déceler l’IRC à un stade précoce. Une fois la maladie avancée, les conséquences deviennent irréversibles, obligeant les patients à recourir à des traitements lourds et coûteux tels que la dialyse ou la greffe de rein. Pourtant, ces solutions demeurent largement inaccessibles à une grande partie de la population ivoirienne, notamment en raison de leur coût élevé et du manque d’infrastructures adaptées.

Jean Guillaume Boza souligne que «la lutte contre l’insuffisance rénale passe nécessairement par une prévention accrue et une sensibilisation massive des populations». L’ONG GSR-CI multiplie les initiatives pour encourager les populations à effectuer des bilans de santé réguliers et à adopter des habitudes de vie saines.

Un fardeau financier insoutenable pour les patients
Le traitement de l’IRC en Côte d’Ivoire est caractérisé par son coût prohibitif. Une seule séance de dialyse coûte entre 70 000 et 80 000 FCFA, sachant qu’un patient doit en général en effectuer deux par semaine. Avec des revenus moyens souvent inférieurs à ces montants, bon nombre de malades abandonnent leur traitement, aggravant ainsi leur état de santé.

Les aides gouvernementales, bien qu’existantes, restent insuffisantes. Actuellement, seulement 10 % des patients bénéficient d’une prise en charge publique partielle, laissant la majorité dans une situation précaire. Les enfants et les jeunes adultes sont particulièrement vulnérables, car ils représentent une proportion croissante des patients atteints de cette pathologie.

Face à ces défis, Jean Guillaume Boza appelle à une mobilisation plus large des acteurs privés et publics. «Nous avons besoin de davantage de soutiens pour réduire le coût des soins et renforcer les capacités de nos centres médicaux», plaide-t-il. Dans cette optique, l’ONG GSR-CI collabore avec des fondations, des municipalités et des organisations internationales afin de collecter des fonds et d’améliorer l’accès aux traitements.

L’urgence d’une prévention renforcée

La prévention reste la pierre angulaire de la lutte contre l’insuffisance rénale chronique. En sensibilisant les populations sur les habitudes à risque, l’ONG GSR-CI espère inverser la tendance. Une alimentation équilibrée, une hydratation suffisante, la pratique régulière d’une activité physique et l’évitement de l’automédication sont autant de mesures préventives essentielles.

Par ailleurs, l’ONG organise des campagnes de dépistage gratuites dans les zones rurales et urbaines. Ces initiatives permettent de diagnostiquer la maladie à des stades précoces, offrant ainsi aux patients une meilleure chance de gestion de leur condition. Les événements tels que les « Rendez-vous du REMAPSEN » jouent un rôle crucial dans la diffusion des informations et dans la mobilisation des partenaires pour soutenir ces efforts.

Cependant, pour que ces actions soient durables, une approche multisectorielle est indispensable. Les autorités sanitaires doivent investir davantage dans les infrastructures de santé et dans la formation des professionnels. Les médias, quant à eux, ont un rôle clé à jouer en relayant les messages de sensibilisation auprès du grand public.

Alors que les cas d’insuffisance rénale chronique continuent d’augmenter en Côte d’Ivoire, il devient impératif de renforcer les efforts de prévention et de rendre les soins accessibles à tous. Quels leviers peuvent être actionnés pour garantir une meilleure prise en charge et une réduction de cette crise sanitaire silencieuse ?