Pourquoi Les Prix Du Cacao Vont Encore Grimper Sur Le Le Marché Mondial? - Agriculture - Ivoireland

Le marché du cacao traverse une période de turbulence sans précédent. Entre virus dévastateurs, dérèglements climatiques et manque d’investissements, la production mondiale est sous pression, tandis que la demande reste soutenue. Les amateurs de chocolat devront se préparer à des étagères moins garnies et à des prix en hausse constante. Plongée dans les défis structurels, climatiques et sanitaires qui menacent l’or brun et pourraient maintenir les cours à des niveaux records en 2025.

Une production sous pression : Le virus qui ravage les plantations

La flambée des prix du cacao s’explique en grande partie par les problèmes de production persistants, notamment en Afrique de l’Ouest, qui concentre plus des deux tiers de la production mondiale. Le virus de l’œdème des pousses du cacaoyer (cacao swollen-shoot virus), transmis par des cochenilles, continue de faire des ravages. Cette maladie, qui affaiblit les arbres, réduit leur rendement et peut même les tuer, aggrave considérablement le déficit de l’offre.

En Côte d’Ivoire et au Ghana, premiers producteurs mondiaux, les planteurs sont confrontés à une situation critique. Le manque d’investissements dans l’agriculture et l’accès limité aux produits phytosanitaires favorisent la propagation du virus. Les petits producteurs, déjà vulnérables face à des conditions de travail difficiles, peinent à contenir cette crise sanitaire.


https://www.youtube.com/watch?v=XDZBxCtdrdM

La Niña : Un nouveau coup dur pour les cultures de cacao

Si les virus menacent les plantations, les dérèglements climatiques n’arrangent rien. Le phénomène La Niña, qui a succédé à El Niño, apporte son lot de défis supplémentaires. Caractérisé par des températures anormalement basses dans l’océan Pacifique, La Niña provoque des pluies abondantes, des températures plus fraîches et des événements climatiques extrêmes. Ces conditions perturbent les cultures de cacao déjà fragilisées, réduisant encore les rendements et exacerbant les problèmes de production.

« La Niña est un véritable coup dur pour les planteurs. Les pluies excessives favorisent la propagation des maladies, tandis que les températures plus fraîches ralentissent la croissance des cacaoyers », explique un climatologue. Ces perturbations climatiques risquent de maintenir les prix du cacao à des niveaux élevés, voire de les faire grimper davantage.

Les données de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) confirment une tendance alarmante. Le ratio stocks/broyage a chuté à 27 %, son niveau le plus bas depuis 40 ans. Pour la quatrième année consécutive, le marché du cacao sera en déficit, avec un manque estimé à 478 000 tonnes pour la campagne 2023-2024. Selon les prévisions, ce déficit pourrait s’aggraver en 2025, mettant encore plus sous pression les acteurs du secteur.

Face à cette situation, les géants du chocolat comme Barry Callebaut n’ont d’autre choix que de répercuter ces hausses de coûts sur les consommateurs. Les analystes prévoient une augmentation des prix de vente pouvant atteindre 15 %. « Les consommateurs devront s’habituer à payer plus cher leur chocolat. La crise actuelle n’est pas près de s’arrêter », prévient un économiste spécialisé dans les matières premières.

Une lueur d’espoir pour les planteurs ?

Pour les planteurs ivoiriens, qui fournissent 45 % de la production mondiale, la hausse des prix internationaux du cacao pourrait sembler bénéfique. En théorie, elle se traduirait par des revenus plus élevés. Cependant, la réalité est plus complexe. Les coûts de production augmentent également, en raison des dépenses supplémentaires liées à la lutte contre les maladies et aux adaptations nécessaires face aux changements climatiques.

De plus, les petits producteurs, souvent peu organisés et dépendants des intermédiaires, ne bénéficient pas toujours pleinement de la hausse des prix. « Les planteurs ont besoin de soutien technique et financier pour faire face à ces défis. Sans cela, la hausse des prix ne se traduira pas par une amélioration de leurs conditions de vie », souligne un représentant d’une coopérative agricole.

La crise actuelle du cacao pose des questions cruciales sur l’avenir de cette filière essentielle pour de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. Comment les acteurs du secteur peuvent-ils s’adapter aux défis climatiques et sanitaires ? Quelles solutions mettre en place pour soutenir les petits producteurs et garantir une production durable ?

Alors que les prix du cacao atteignent des sommets, une question demeure : cette crise marquera-t-elle un tournant pour le marché mondial du cacao, ou n’est-elle que le début d’une spirale infernale ?