A’Salfo Explique Pourquoi Il Ne Peut Pas Aider Tous Les Artistes - Célébrités - Ivoireland

A’Salfo, leader du groupe Magic System et figure emblématique de la musique ivoirienne, s’est récemment exprimé sur un sujet épineux : l’aide aux jeunes artistes. Lors d’une émission, il a partagé une anecdote révélatrice sur les attentes et les frustrations qui entourent son rôle de mentor. Alors que de nombreux artistes lui reprochent de ne pas les soutenir suffisamment, A’Salfo explique les limites de son engagement et les réalités complexes de l’industrie musicale. Un témoignage qui soulève des questions sur les responsabilités des artistes établis et les défis auxquels font face les nouvelles générations.

« Je ne peux pas aider tout le monde » : le constat sans détour d’A’Salfo

A’Salfo ne mâche pas ses mots. Lors de son intervention, il a clairement expliqué pourquoi il ne peut pas répondre à toutes les demandes d’aide qui lui sont adressées. « Beaucoup d’artistes se plaignent de moi, estimant que je ne les aide pas à atteindre le sommet. Je les comprends, et peut-être qu’à notre époque, nous aurions pu dire la même chose d’Alpha Blondy », confie-t-il. Cette référence à Alpha Blondy, icône de la musique africaine, montre que ce dilemme n’est pas nouveau. Chaque génération d’artistes établis semble confrontée aux mêmes attentes et aux mêmes critiques.

Le chanteur prend l’exemple de Kadhy Touré, une artiste ivoirienne qui lui a un jour reproché de ne pas l’avoir soutenue lorsqu’elle en avait besoin. « Quand j’étais plus jeune, j’avais besoin de ton soutien et tu ne m’as pas aidée. J’étais vraiment déçue parce que je t’avais demandé de faire une vidéo pour me soutenir, et tu avais refusé. Je t’en ai voulu », lui a-t-elle dit. Aujourd’hui, Kadhy Touré comprend mieux la position d’A’Salfo. « Elle est désormais à ma place et elle réalise combien il est difficile d’aider tout le monde », explique-t-il.

A’Salfo souligne un point crucial : aider un artiste, c’est souvent ouvrir la porte à des demandes infinies. « Faire une seule vidéo signifie devoir en faire pour tout le monde, sinon on donne l’impression de favoriser certains au détriment des autres », précise-t-il. Cette réalité crée un dilemme pour les artistes établis, qui doivent naviguer entre leur désir de soutenir les nouveaux talents et les limites de leur temps et de leurs ressources.

Le FEMUA : une plateforme pour tous, mais avec des règles

Face à ces défis, A’Salfo et son groupe Magic System ont créé le Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA), une plateforme qui offre une visibilité aux artistes ivoiriens et africains. « Nous avons mis en place une plateforme comme le FEMUA, qui permet à tous les artistes ivoiriens de se produire, sans distinction », explique-t-il. Ce festival, devenu un événement majeur en Afrique, est conçu pour être inclusif. « Nous ne sélectionnons pas uniquement les artistes proches d’A’Salfo ; tout le monde a sa chance, même ceux qui ont été oubliés », ajoute-t-il.

Cependant, participer au FEMUA n’est pas une simple formalité. A’Salfo insiste sur le fait que les artistes doivent être prêts à assumer une scène de grande envergure. « Pour jouer sur la scène du FEMUA, un artiste doit pouvoir tenir entre 45 minutes et 1 heure. Cela signifie qu’il doit au moins avoir un album », précise-t-il. Cette exigence montre que le festival, tout en étant ouvert, maintient des standards professionnels. « Ce n’est pas parce qu’un artiste a du succès avec un ou deux singles qu’il sera automatiquement programmé », ajoute-t-il.

Cette approche suscite parfois des incompréhensions. « Certains ne comprennent pas pourquoi des artistes à la mode ne sont pas invités, mais avec le temps, ils comprendront », explique A’Salfo. Le FEMUA, en tant que plateforme, cherche à équilibrer accessibilité et qualité, tout en offrant une vitrine à des artistes qui ont déjà prouvé leur sérieux et leur engagement.

Les limites de l’aide dans une industrie complexe

A’Salfo rappelle que l’industrie musicale est un écosystème complexe, avec ses propres règles et codes. « La musique n’est pas un terrain de football où l’on peut simplement remplacer un joueur fatigué par un autre. Il y a tout un mécanisme derrière », explique-t-il. Malgré les efforts déployés, certains artistes ne parviennent pas à percer, même avec un soutien initial. « Nous avons produit des artistes que nous n’avons malheureusement pas pu positionner. Ce n’est pas faute d’avoir essayé ou d’avoir investi de l’argent », confie-t-il.

Cette réalité met en lumière les défis structurels de l’industrie musicale en Afrique. Les ressources sont limitées, et les opportunités ne sont pas toujours accessibles à tous. A’Salfo souligne que même les institutions publiques ont des limites. « Même le ministère de la Culture n’a pas les moyens d’accompagner toute la filière, alors qui suis-je pour prétendre pouvoir le faire ? », lance-t-il. Cette déclaration montre que la responsabilité de soutenir les jeunes artistes ne peut reposer uniquement sur les épaules des artistes établis.

Le témoignage d’A’Salfo ouvre un débat essentiel sur le rôle des artistes établis dans l’émergence de nouvelles générations. Alors que les attentes sont immenses, les ressources et les opportunités restent limitées. Le FEMUA, en tant que plateforme inclusive, montre qu’il est possible de créer des espaces pour les jeunes talents, mais cela ne suffit pas à répondre à toutes les demandes.

La question qui se pose est la suivante : dans un contexte où l’industrie musicale africaine est en pleine expansion, comment créer des mécanismes durables pour soutenir les artistes émergents sans surcharger ceux qui ont déjà réussi ? Et surtout, comment faire en sorte que cette solidarité artistique ne se heurte pas aux réalités économiques et structurelles du secteur ?