Qui Est Tom D Genèse Le Reggae Man Qui Refuse Les Étiquettes Politiques?

Hien Sié Thomas, plus connu sous le nom de Tom D Genèse, s’impose depuis plus d’une décennie comme l’une des figures majeures du reggae ivoirien. Avec des textes engagés et une volonté de réveiller les consciences, il refuse toute association politique réductrice et revendique une musique au service du peuple. Dans un climat où l’expression artistique peut être assimilée à un positionnement partisan, l’artiste persiste et signe : il chante pour l’unité, la justice et l’avenir de l’Afrique. Alors que le reggae ivoirien peine à retrouver la ferveur d’antan, Tom D Genèse poursuit son combat avec une ferveur inébranlable.

L’engagement artistique face aux détournements politiques

Depuis ses débuts en 2012, Tom D Genèse utilise sa musique comme un vecteur de sensibilisation sociale, fidèle à l’héritage du reggae. Pour lui, chanter les inégalités, les difficultés quotidiennes et les espoirs d’un avenir meilleur ne relève pas de la politique mais d’un devoir de messager.

Son dernier single, « Si j’avais le pouvoir », sorti en décembre 2024, incarne cette mission. Il ne s’agit pas d’une critique directe d’un régime, mais d’un appel à la responsabilisation collective. Tom D Genèse dénonce les amalgames qui conduisent souvent à l’étiqueter comme un militant politique alors qu’il se veut avant tout un porte-voix des sans-voix.

« Chanter la cherté de la vie, ce n’est pas faire de la politique, car tout le monde en souffre. Demander la construction d’un hôpital ou d’une école, ce n’est pas faire de la politique, c’est réclamer le bien-être du peuple », affirme-t-il. Ce positionnement lui vaut le respect d’une large frange du public africain, même si, en Côte d’Ivoire, le reggae souffre d’un désintérêt croissant.

La censure implicite du reggae engagé

Alors que dans des pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso ou le Sénégal, le reggae conserve une place prépondérante dans le paysage musical, la Côte d’Ivoire semble moins encline à soutenir ses propres artistes engagés. Tom D Genèse déplore une autocensure répandue au sein des médias, freinant la diffusion de ce qu’il appelle « la musique de la réflexion et de la prise de conscience ».

Il rappelle que des figures comme Tiken Jah Fakoly ont dû s’exiler après avoir porté des messages trop critiques pour certains gouvernants. Cette réalité incite de nombreux artistes à modérer leur discours, de peur de se voir marginalisés ou contraints de quitter le pays. « Beaucoup ont été contraints de modérer leurs positions pour éviter l’exil forcé. Des artistes comme Tiken Jah Fakoly ou Neth Soul ont dû partir lorsqu’ils ont osé dénoncer certaines réalités », souligne Tom D Genèse.

Cependant, loin de se laisser museler, l’artiste persiste. Son ambition n’est pas de déclencher des polémiques, mais d’offrir un espace de réflexion à travers ses textes.

Un avenir musical tourné vers l’international

Conscient des difficultés auxquelles sont confrontés les artistes engagés en Afrique, Tom D Genèse compte multiplier les tournées et les concerts en 2025 pour toucher un public plus large. L’objectif est de renforcer son message au-delà des frontières ivoiriennes et de rappeler que le reggae est avant tout une musique de résistance et d’unité.

Malgré les critiques et les pressions, il reste fermement attaché à sa mission. « Écoutez nos chansons avant de nous coller des étiquettes. Nous ne sommes pas contre un pouvoir, nous sommes pour un monde plus juste. Le reggae n’est pas une musique d’insultes, mais une musique de réflexion et d’unité », martèle-t-il.

Avec une année riche en projets et en performances, Tom D Genèse entend bien faire résonner la voix du reggae africain, au-delà des clivages politiques et des censures implicites. Son combat pose une question centrale : comment les artistes engagés peuvent-ils continuer à faire entendre leur voix sans être perçus comme des opposants politiques ?