Ma sentence (un extrait du roman)
Chapitre 1 et Chapitre 2
« Mon existence chavira un jour dans un
précipice béant. Une cascade de bouleversements
marqua ma vie au fer rouge. J’en porterai les séquelles
le restant de ma vie. Je m’appelle EDADO Jeanne.
Il y a vingt-cinq années de cela, mais je m’en
souviens comme si c’était hier, la saison pluvieuse
descendit de son piédestal. Son règne glorieux
s’éteignit silencieusement pour céder la place au
printemps, cette période de l’année où la nature
semble renaitre, se réveille d’un féru sommeil.
Une myriade de cumulus se tassa dans le ciel, un
matin sous un doux soleil qui berçait de ses rayons
généreux ces masses flottantes et blanchâtres juxtaposés
les uns aux côtés des autres. Cette juxtaposition
respectait un élan emblématique semblable à une
disposition de footballeurs sur un air de jeu : le gardien,
deux arrières, deux ailiers, deux demi-centres et deux
avants-centres. Le bon Dieu se serait-il convertit en un
entraineur ? me demandai-je ce jour-là.
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Et cette même matinée, certains riverains de notre
quartier abondaient dans les contours du marché et
s’amoncelaient autour des étalages de denrées
alimentaires tel un essaim d’abeilles en liesse dans leur
ruche.
Il faut dire que durant les pluies diluviennes, nuls
n’osèrent s’aventurer dehors, sous-peine d’en revenir
tremper jusqu’à la moelle osseuse. Toutes activités
furent astreintes au silence. Les boutiques fermèrent
et les promenades s’estompèrent. Les enfants restèrent
également motus et bouches cousues. Les pépiements
des oisillons réclamant leur pitance quotidienne
cessèrent. Seul, un temps maussade régna en maître
absolu.
Pendant ces pluies sans fin, les provisions
baissèrent d’un cran. Une chute considérable
tellement les caves furent à sec.
Les familles tiraient profit de cette journée éclaircie
afin de regarnir leurs caves d’une pléthore de denrées.
Et quoi dire de cette immense joie au paroxysme
du bonheur des vendeurs ! Ceux-ci, cahin-caha
géraient cette ribambelle d’acheteurs, dans des
bousculades incessantes devant leurs étalages.
« … Une bénédiction du ciel ! » lâchèrent les
vendeurs débordés par la clientèle.
Leur exaltation était à saluer, car un tri mensuel
bien compté, ils se lamentèrent et furent impuissants
face à leurs marchandises qui se désagrégèrent à tour
de rôle.
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D’autres riverains avaient une attirance pour les
espaces verdoyantes savourant cette journée radieuse
et ils s’affairaient en masse pour déblayer le jardin
public.
A vrai dire, cet endroit ne trouva guère une
échappatoire lors du passage dévastateur des
puissantes averses. Des feuilles jonchèrent les
alentours, des branchages en fructifications furent
éparses au sol, des fossés à provoquer des entorses et
des luxations se formèrent çà et là. Même les arbres
les plus tenaces frétillèrent au choc des bourrasques.
Fort heureusement, la nature retrouva son calme.
Cette tranquillité d’antan mit sens dessus dessous par
la saison pluvieuse. Des pétales de fleurs colorées
ondulèrent la pelouse de toute leur félicité, des
branches d’arbres ondoyèrent au vent d’un décor
sublime aux sensations enivrantes d’extase et de
jovialité, le courant d’air redistilla une senteur
odorante digne des marques luxueuses de parfumerie.
Des individus ne se firent pas prier et profitèrent
de l’aubaine pour un moment de pique-nique, autour
du décor naturel qu’offrait cette journée éclairée.
Mon père, EDADO Georges rentré deux jours
auparavant de son voyage harassant et ma mère
Hélène, nous décidâmes d’aller pique-niquer. Nous
nous éblouissions du charme que nous offrait cette
nature délicieuse en cette période de l’année.
– Je suis dans l’euphorie à m’enivrer d’une bonne
verdure, lança mon père.
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– Un véritable oasis ! reprit-je, du même
enthousiasme.
– Ce sont des instants de relaxation… Ces pluies
diluviennes nous ont privées de cette gaîté, ajouta ma
mère.
Notre échange familial respirait de jovialité, mais
les instants d’après, il prit une tournure soudaine, car
une semaine auparavant, mon père se rendit dans
mon établissement scolaire et s’entretint avec mon
proviseur au sujet de mon rendement. Il fut déçu de
constater une dégression dans mon rendu. Il fronça
les sourcils et me la signifia :
– Jeanne, tes notes scolaires sont sérieusement
déplaisantes, dit-il.
– Père, j’étale seulement des lacunes en chimie,
précisai-je.
– Je solliciterai les services d’un répétiteur pour te
prêter main-forte.
– Père, je ne vois pas l’utilité d’un répétiteur. Je
compte bien surmonter seule cette impasse ; pour cela
je ménagerai des efforts pour remonter la pente et
joindre le sommet des élèves excellents de ma classe.
– Ma décision est irréversible ! renfrogna mon
géniteur d’un regard furibond.
Je marquai un sombre silence, une pause concise.
Puis, je poussai de petits grognements de fauve et reprit :
– Père, je titube devant tes exigences qui
m’entravent quotidiennement l’existence, dis-je sur
un air enragé.
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– Je ne veux plus entendre tes propos balivernés !
ordonna mon père les yeux écarquillés… Si tu prends
l’habitude de primer la distraction au détriment de tes
études, c’est le prélude d’un échec prompt et certain
qui s’annonce !
– Ma fille, sache que le travail affranchit de
l’éternelle dépendance, c’est tout le contraire du
plaisir qui use l’organisme et avilit à la longue, ajouta
ma mère d’un air complice.
J’éberluais aussitôt, à croire que mes parents me
faisaient passer pour une proie dans un cachot,
l’accusée principale d’une connivence malicieusement
orchestrée, une bête bien choyée avec l’espace de
liberté restreint.
C’est vrai qu’être la fille unique engage des
responsabilités accrues dont le plus important est de
perpétuer le succès familial. Et ceci, je le savais pertinemment.
Comme dit la maxime : « Les bonnes choses
disparaissent à trainée de poudre. »
En quelques rotations d’aiguille du cadran
d’horloge, l’après-midi passa le flambeau au
crépuscule. Chaque agroupement venu pique-niquer
mit un terme aux instants heureux dans
l’environnement verdoyant du jardin.
Peu après, je prétextai à mes parents vouloir faire
des emplettes et je profitai pour rendre visite à mon
petit ami. A vrai dire, je désirais atténuer ma
mélancolie, causée par la rigide éducation, dont je
souffrais le martyr. Et, seules les étreintes suaves et
sensuelles de Jacques, mon bien-aimé était le remède
miraculeux pour pallier à mon chagrin.
– Je subis tous les jours, la sévérité de mon père,
me plaignis-je adossée contre la poitrine de celui-ci.
– Tu es un oisillon en cage, ironisa-t-il.
– Je t’expose mon calvaire et toi, tu tires plaisir à
en ricaner ! lâchai-je dans un élan de nervosité.
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– Tu as parfaitement raison. Veille ne pas m’en
tenir rigueur du fait que je tourne ta situation au
ridicule.
Mais, j’ajoutai plus austère :
– Ta raillerie de mauvais goût ne m’épate
nullement !
– Je te réitère mes excuses. Mais avec le temps ; tu
comprendras que tes parents agissent dans ton intérêt
en t’imposant une éducation des plus rigides mais
saines.
– Tu es pardonné, mais à l’avenir évite un tel
sadisme.
– D’accord, mais prenons juste une gorgée de vin
pour dégeler l’atmosphère, proposa Jacques.
Nous trinquions heureux une bouteille, deux,
voire cinq, jusqu’à épuisement d’une dizaine et
sombrions dans une ébriété profonde. Nous
tombâmes en léthargie.
Aux premières lueurs de l’aube, je me réveillai
alourdie à cause de l’excès d’alcool. J’eus l’impression
que mon poids avait triplée, comme si une masse
géante m’empêchait de me dresser sur mes pieds.
J’étourdissais et j’avais la sensation de déambuler au
coeur d’un mirage, un univers d’illusions où
l’imagination et la fiction sont maîtresses. Je tentais
désespérément de localiser ma position : la pièce où je
dormis était dans un décor exécrable ; quelques
gribouillis par-ci par-là le long du mur, sans la
moindre finesse et grotesques de beauté.
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« Est-ce ma chambre ? » me questionnai-je pour
m’en assurer. Je me souvins que c’était celle de
Jacques. Finalement, le son strident à s’étourdir dans
un brouhaha sans fin, d’un tacot en démarrage
m’assourdis les oreilles en à point finir, et m’extirpa
de ma rêverie pour m’exposer à la dure réalité.
– Jacques, lançai-je, l’aurore a atteint son apogée.
Mon père doit être rouge de colère. Aucune de mes
justifications n’empêcheront mon expédition dans un
internat de jeune fille.
– Calme-toi… Le plus raisonnable sera de te
raccompagner, suggéra celui-ci encore éméché.
– Jacques, ta présence envenimera la situation.
– Dans ce cas presse-toi ! conclut-il avant de
poursuivre son sommeil.
Je retournai chez moi. L’inquiétude de ma mère
s’apaisa. En revanche, mon père étouffait de colère.
– Où étais-tu ? s’enquit-il d’une voix rauque.
– A une fête… d’anniversaire… chez une amie,
balbutiai-je.
– Ne t’ai-je pas défendu la fréquentation de ces
endroits nocturnes ?
– Père, je te prie de m’excuser…
– Je passe l’éponge pour la journée parce que je
conduis ta mère dans des courses, mais la nuit
tombée, nous reparlerons de ta désobéissance, acheva t'il…
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