Le récent déroulement de l'élection présidentielle à Madagascar a été marqué par des controverses, des boycotts et des accusations d'irrégularités, jetant une ombre sur la légitimité du processus démocratique dans le pays. Le président sortant, Andry Rajoelina, a été déclaré vainqueur au premier tour avec 58,95 % des suffrages exprimés, mais cette victoire est contestée par une partie de l'opposition.
Le scrutin, qui a eu lieu le 16 novembre, a été marqué par une abstention record, avec un taux de participation à peine supérieur à 46 %, en baisse par rapport à la précédente présidentielle en 2018. Cette faible participation pourrait refléter le désintérêt des citoyens, la méfiance envers le processus électoral ou encore le boycott orchestré par une partie de l'opposition.
Dix candidats de l'opposition, dont deux anciens présidents, avaient appelé au boycott du scrutin et refusé de faire campagne. Ils estiment que les élections étaient illégitimes et truffées d'irrégularités. Les tensions politiques ont été exacerbées par la naturalisation française d'Andry Rajoelina en 2014, révélée en juin dernier. Bien que l'opposition ait tenté d'empêcher sa candidature en arguant que cela l'invaliderait, la justice a rejeté cette argumentation.
Le résultat du scrutin a été accueilli avec scepticisme par l'opposition, qui parle de « coup d'État institutionnel ». Ils contestent la victoire d'Andry Rajoelina et ont mis en garde contre une éventuelle instabilité politique et sociale. Cependant, à ce stade, l'opposition n'a pas formulé d'intentions claires quant à des actions légales formelles pour contester les résultats.
La crise politique à Madagascar s'est prolongée pendant des mois, avec des manifestations quasi quotidiennes à Antananarivo avant l'élection. Les manifestations, bien que n'ayant pas mobilisé de manière massive, ont été régulièrement dispersées par les forces de l'ordre, témoignant d'une tension palpable dans le pays.
Sur le plan international, huit pays et organisations, dont les États-Unis et l'Union européenne, ont exprimé leur préoccupation face aux tensions et ont dénoncé un usage excessif de la force contre l'opposition. Les appels à une intervention de la communauté internationale n'ont cependant pas empêché le déroulement du scrutin.
La commission électorale, dont l'impartialité est mise en doute par l'opposition, affirme que l'élection s'est déroulée dans des conditions régulières et transparentes. Cependant, les accusations d'irrégularités, telles que la fermeture de bureaux de vote, le manque d'urnes et l'utilisation des ressources de l'État pour la campagne du candidat sortant, persistent.
Alors que le pays attend la validation finale des résultats par la Haute cour constitutionnelle, la situation politique reste tendue. Les recours en cas de contestations peuvent être déposés dans un délai de neuf jours maximum avant la proclamation des résultats définitifs, ouvrant la voie à une possible période d'incertitude et de tensions dans les semaines à venir. Comment cette situation politique délicate pourrait-elle évoluer, et quel impact pourrait-elle avoir sur la stabilité de Madagascar à moyen et long terme ?
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