En Suède, le débat sur le rôle et l'efficacité des écoles privées à but lucratif prend de l'ampleur, avec la ministre de l'Éducation, Lotta Edholm, soulignant les lacunes du système actuel qu'elle considère en échec. Ces écoles, appelées Friskolor, ont été créées dans les années 1990 avec l'intention d'encourager des pratiques pédagogiques alternatives, mais elles sont devenues un sujet de controverse en raison de la quête de profits qui les anime.
Les Friskolor ont bénéficié d'un cadre administratif souple, leur permettant de fonctionner comme des entreprises tout en recevant des subventions publiques intégrales. Trente ans après leur création, près d'un tiers des lycéens suédois sont inscrits dans ces établissements. Cependant, des préoccupations croissantes émergent quant à leur impact sur la qualité de l'éducation, la ségrégation sociale et les coûts pour la collectivité.
Des enseignants comme Hannes Manselin, qui ont débuté leur carrière dans ces écoles, témoignent des pressions exercées pour maximiser les profits au détriment de l'éducation. Des exemples sont donnés de directions encourageant la rétention des élèves par des tactiques de gestion d'image plutôt que par la qualité de l'enseignement.
Johan Enfeldt, spécialiste des politiques éducatives en Suède, souligne les effets pervers du système, notamment une fragmentation des écoles et une inflation des coûts éducatifs pour la collectivité. Il met en avant le cas de Västeras, où le nombre d'écoles est passé de 9 à 23 en dix ans, chacune bénéficiant de subventions publiques.
Une autre préoccupation majeure est la ségrégation scolaire croissante, les Friskolor attirant principalement des élèves issus de milieux sociaux aisés. Cette tendance s'explique par le mode de financement des écoles privées, qui est basé sur le nombre d'étudiants et encourage le recrutement d'élèves nécessitant moins d'efforts d'enseignement.
Face à ces défis, la ministre de l'Éducation, Lotta Edholm, annonce une enquête et des réformes visant à remédier à ce qu'elle qualifie de "système en échec". Les grands groupes scolaires privés à but lucratif, tels qu'AcadeMedia, sont particulièrement dans le viseur de la ministre.
Dans ce contexte, la question cruciale qui se pose est de savoir comment la Suède peut réformer son système éducatif pour garantir une éducation de qualité, réduire la ségrégation sociale et optimiser l'utilisation des ressources publiques. Quelles réformes spécifiques peuvent être envisagées pour équilibrer l'innovation pédagogique, la rentabilité financière et l'inclusion sociale dans le paysage éducatif suédois?
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