Un Débat Se Tient À Abidjan Sur Le Retrait Des Pays De l'Aes De La CEDEAO - Affaires Etrangères - Ivoireland

Le 12 avril 2024, à Abidjan, s'est tenu un panel d'experts de haut niveau, organisé par le Centre d'Études Prospectives (CEP) en partenariat avec la Fondation Friedrich Naumann. L'objectif ? Analyser les répercussions du retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de l'espace CEDEAO sur les économies régionales. Cette rencontre a réuni des acteurs clés de la géopolitique et de l'économie, soulignant ainsi l'importance de cette question pour la stabilité et le développement de la sous-région ouest-africaine.

Une Zone Sous-Régionale en Mutation

Le premier intervenant, le Dr Sylvain N'Guessan, expert en géopolitique, a mis en lumière les implications du retrait de ces trois pays de l'Alliance des États du Sahel (AES) pour la configuration de la zone sous-régionale. Selon lui, cette décision entraînerait une hybridation de la zone, avec des pays se retirant de la CEDEAO tout en restant au sein de l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cette situation soulève des questions cruciales sur l'avenir de la coopération régionale et des privilèges liés à l'appartenance à ces organisations sous-régionales.

L'expert économiste Lambert Bamba a ensuite abordé les enjeux économiques découlant de cette situation. Il a souligné l'importance économique et stratégique des pays de l'UEMOA, en particulier la Côte d'Ivoire, et leur capacité à négocier de nouveaux accords commerciaux pour compenser la perte potentielle de marché découlant du retrait de ces pays de la CEDEAO. Pour Bamba, il est impératif d'engager des discussions afin d'éviter que cette sortie ne devienne effective, mettant ainsi en exergue les défis auxquels la région est confrontée dans un contexte de redéfinition des alliances économiques.

Une Approche Prudente et Réfléchie

Malgré ces analyses, une approche prudente est de mise. Il est nécessaire de ne pas se précipiter vers des mesures de sanction et de laisser le temps aux parties concernées de clarifier leur position. Les recommandations doivent être formulées avec discernement, prenant en compte les intérêts et les besoins des différentes parties prenantes. Sylvain N'Guessan souligne également l'importance pour la Côte d'Ivoire de renforcer son infrastructure, notamment en développant le port sec de Ferkessédougou et en assurant une plus grande autonomie dans la production agricole et pastorale.

En conclusion, le retrait annoncé de certains pays de l'UEMOA de la CEDEAO soulève des questions fondamentales sur l'avenir de la coopération régionale en Afrique de l'Ouest. Les réponses à ces défis détermineront la trajectoire économique, géopolitique et sécuritaire de la sous-région dans les années à venir