Présidentielle 2025: Alassane Ouattara Sous Pression Pour Un Quatrième Mandat - Politique - Ivoireland

À quelque seize mois des prochaines échéances présidentielles, la Côte d'Ivoire est en effervescence. La question de la candidature du président Alassane Ouattara pour un quatrième mandat est au cœur des débats, tant au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qu'au sein de l'opinion publique. Les appels en faveur d'une nouvelle candidature du chef de l'État se multiplient, mais les incertitudes demeurent. Cet article explore les dynamiques politiques et les implications d'une potentielle quatrième candidature du président Ouattara, en analysant les enjeux et les perspectives pour la Côte d'Ivoire.

Appels Croissants pour un Quatrième Mandat

Sur le terrain, les meetings de soutien à la candidature d'Alassane Ouattara se succèdent à un rythme effréné. Le plus marquant de ces rassemblements s’est tenu à Korhogo, où des dizaines de milliers de partisans des régions du Poro, du Tchologo et de la Bagoué ont exprimé leur désir de voir le président en fonction briguer un quatrième mandat. Les slogans et les pancartes brandis par la foule traduisaient une ferveur et une détermination inébranlables. « Alassane, un autre mandat pour la continuité ! », « Pour la stabilité, Ouattara 2025 ! », scandaient-ils en chœur, illustrant ainsi l'attachement de ces populations au leadership du président sortant.

Au sein du RHDP, la position est claire et sans équivoque. Les cadres du parti voient en Alassane Ouattara le candidat naturel pour les élections de 2025. Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement et figure éminente du parti, a récemment déclaré : « Pour nous, les choses sont claires. Notre candidat pour 2025, c’est Alassane Ouattara. Il n’y a même pas débat ». Cette affirmation catégorique met en lumière la confiance que les membres du RHDP placent en leur leader et leur volonté de le voir continuer à diriger le pays.

Malgré les appels incessants de ses partisans, Alassane Ouattara continue d'entretenir le suspense quant à sa décision de se représenter. Lors d’une rencontre avec des dignitaires du RHDP, il avait rappelé une conversation avec le magistrat Ouraga Obou, tenue au lendemain de l’adoption de la constitution de 2016. Il avait alors déclaré : « Moi, je ne ferai pas un quatrième mandat parce que je ne veux pas me retrouver président à 90 ans. Si les uns et les autres savent ce que c’est que la charge d’un président de la République, à partir d’un certain âge, eux-mêmes ne chercheraient plus à être président. Ayez pitié de moi, laissez-moi partir, laissez-moi partir pour consacrer du temps à moi-même, à ma famille, et à mes petits-enfants ».

Cette déclaration faisait écho à une situation similaire en 2020, lorsque des circonstances exceptionnelles l'avaient contraint à revenir sur sa décision initiale de se retirer de la vie politique. La mort subite d’Amadou Gon Coulibaly, son dauphin désigné, avait bouleversé ses plans, le forçant à briguer un troisième mandat pour garantir la stabilité du pays. Cette situation avait été perçue par beaucoup comme un cas de force majeure, justifiant un écart temporaire à sa promesse.

Les Enjeux Politiques et Sociaux d'une Candidature

Le débat autour d’une quatrième candidature d’Alassane Ouattara soulève des questions profondes sur l'avenir politique du pays. À 82 ans, le président doit peser les implications de sa décision sur la stabilité et la continuité des politiques actuelles. Les partisans de Ouattara argumentent que son expérience et son leadership sont indispensables pour la Côte d'Ivoire, surtout dans un contexte régional souvent tumultueux. À l'inverse, les opposants soulignent l'importance de la transition démocratique et du renouvellement des élites politiques.

La perspective d'un quatrième mandat d’Alassane Ouattara pose également la question de la solidité des institutions démocratiques ivoiriennes. La constitution de 2016, bien que révisée, vise à limiter le nombre de mandats présidentiels pour éviter la concentration excessive du pouvoir. Les critiques estiment qu'une nouvelle candidature pourrait affaiblir ces fondements et donner l’impression d’un retour aux pratiques autoritaires. Le débat sur la limitation des mandats est ainsi central pour l’avenir de la démocratie en Côte d'Ivoire.

Alors que le suspense demeure, plusieurs scénarios se dessinent pour l'élection présidentielle de 2025. Si Alassane Ouattara décide de se présenter, il pourrait bénéficier du soutien massif de son parti et de ses partisans, mais il devra également faire face à une opposition déterminée à offrir une alternative. Si, en revanche, il choisit de se retirer, le RHDP devra rapidement trouver un candidat de substitution capable de fédérer et de maintenir l’unité du parti. Les noms de plusieurs cadres du parti circulent déjà, mais aucun ne semble pouvoir égaler l’aura de Ouattara.

Dans ce contexte d’incertitude, la voix des Ivoiriens sera cruciale. Les électeurs, à travers leurs choix et leurs attentes, détermineront l'issue de cette élection décisive. Les prochaines semaines seront déterminantes, alors que les candidats potentiels affûtent leurs stratégies et que les alliances politiques se forment et se défont.

La Côte d'Ivoire est à un tournant de son histoire politique. La décision d'Alassane Ouattara de se présenter ou non à un quatrième mandat aura des répercussions profondes sur l'avenir du pays. Entre stabilité et renouvellement, les Ivoiriens doivent choisir la voie qui leur semble la plus prometteuse pour leur avenir collectif. Alors que les spéculations battent leur plein, une question demeure : Alassane Ouattara cèdera-t-il à la pression pour se présenter à nouveau, ou ouvrira-t-il la voie à une nouvelle génération de leaders ?