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Vendredi, 18 Octobre 2024 à 10:16

Lutte Contre Le Tabagisme Les Pays Misent Sur La Taxation Pour Financer La Santé - Société - Ivoireland

Forum Ivoireland / Société / Lutte Contre Le Tabagisme Les Pays Misent Sur La Taxation Pour Financer La Santé (13 Vues)

Tabagisme: La Côte d'Ivoire, 6E Pays Où Les Cigarettes Sont Les Moins Chères / La Police Renforce Sa Capacité Dans La Lutte Contre Les Crimes Sexuels En Ligne / Une Application Pour Renforcer La Lutte Contre La Contrefaçon Dans l'Électricité (2) (3) (4)

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RomeoIvoire RomeoIvoire le 8 octobre à 19:17

Le 7 septembre 2024, Nairobi, la capitale du Kenya, a accueilli le Sommet africain sur l'amélioration des mesures de taxation du tabac, organisé par l'Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (Acta). Ce sommet de 72 heures se veut être un cadre de partage d'expériences et de réflexion autour des meilleures stratégies pour lutter contre le tabagisme et financer la santé publique sur le continent. Retour sur les moments forts de cet événement où experts, responsables gouvernementaux et acteurs de la société civile ont réfléchi aux moyens de réduire l'impact du tabac sur les populations africaines, tout en garantissant des ressources pour améliorer les services de santé.

La vision du Kenya : une stratégie intégrée pour la santé publique


Le sommet s'est ouvert par l'intervention de Pauline Achieng, représentante du ministère de la Santé du Kenya, qui a déclaré que le tabagisme représente « un véritable fardeau » pour le continent africain. Selon elle, la consommation de tabac est une épidémie croissante qui pèse sur les systèmes de santé africains, déjà fragiles. Malgré les campagnes de sensibilisation, la consommation de tabac ne cesse d'augmenter, notamment en raison des stratégies marketing agressives des industriels du tabac qui ciblent les jeunes.

Le gouvernement kenyan s'est aligné sur la vision défendue par l'Acta, en faveur d'une augmentation des droits d'accises sur les produits du tabac, qu'ils soient fabriqués localement ou importés. Pauline Achieng a cité l'exemple de l'Afrique du Sud, qui, dès 1990, a choisi d'augmenter ses taxes sur le tabac. Cette mesure a permis une réduction significative de la consommation, tout en augmentant les recettes fiscales. « C'est une solution gagnante à tous les niveaux : elle protège la santé des citoyens tout en générant des ressources essentielles pour les programmes de santé », a-t-elle expliqué.

La stratégie proposée au cours de ce sommet repose sur l'article 6 de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (Cclat), qui préconise l'utilisation des mesures fiscales pour réduire la consommation de tabac. L'objectif n'est pas de « punir les industriels ou les consommateurs, mais de mener une gouvernance responsable orientée sur l'avenir », a martelé Pauline Achieng. En augmentant les taxes, les gouvernements espèrent non seulement réduire la consommation, mais aussi générer des revenus supplémentaires pour financer la santé publique.

Léonce Sessou, secrétaire exécutif de l'Acta, a rappelé que le tabac est l'un des principaux facteurs de risque pour les maladies non transmissibles, telles que le cancer ou le diabète. Les conséquences sanitaires et économiques du tabagisme sont bien documentées : « Le tabac coûte cher à nos États, et il est impératif de le taxer aussi fortement que possible pour couvrir les frais de santé qu'il génère », a-t-il ajouté. L'Acta plaide ainsi pour une Afrique en bonne santé, où le bien-être de chaque citoyen est protégé.

Réduire l'accessibilité : la stratégie de l'OMS Afrique


Noureiny Tcha-Kondor, représentant de l'OMS Afrique, a mis en avant la nécessité de rendre les produits du tabac moins abordables pour le consommateur final. Selon lui, des taxes plus élevées doivent s'accompagner de mesures fiscales spécifiques pour garantir que les produits deviennent inaccessibles aux jeunes et aux personnes à faibles revenus. « Nous devons nous assurer que les prix du tabac dissuadent les gens de l'acheter, et cela nécessite des politiques fiscales courageuses et ambitieuses », a-t-il expliqué.

L'OMS encourage également les pays africains à adopter une politique fiscale mixte, incluant un ratio d'imposition sur le prix de vente et une taxe fixe par paquet de cigarettes. Pour les pays de la CEDEAO, par exemple, une recommandation consiste à appliquer un ratio de 50 % de taxe sur le prix de vente, ajoutée à une taxe fixe de 250 FCFA par paquet. Ces mesures, bien que difficiles à mettre en œuvre dans certains contextes économiques, sont jugées indispensables pour lutter efficacement contre le tabagisme.

La Côte d'Ivoire a été présentée lors du sommet comme un exemple à suivre en Afrique de l'Ouest en matière de taxation des produits du tabac. Antoine Konan Kouassi, sous-directeur de la législation à la Direction générale des impôts (DGI), a expliqué que la Côte d'Ivoire applique une taxe globale de 49 % sur les produits du tabac, quel que soit leur lieu de fabrication. Cette taxe comprend les droits d'accises, une taxe pour le développement du sport et une taxe de solidarité pour la lutte contre le VIH/Sida et le tabagisme.

Cette approche a permis au pays de réaliser des avancées significatives tant en termes de réduction de la consommation qu'en termes de financement des programmes de santé. Les recettes fiscales issues de la taxation du tabac ont augmenté, passant de 52,3 milliards de FCFA en 2021 à 60 milliards en 2023, ce qui a permis de financer directement des initiatives de santé publique. « L'affectation d'une partie des taxes sur le tabac pour financer la santé est une initiative louable qui doit être encouragée », a affirmé Antoine Konan Kouassi.

Une taxe sur les mégots pour protéger l'environnement


La Côte d'Ivoire ne s'arrête pas là. Antoine Konan Kouassi a annoncé que le gouvernement prévoyait d'introduire une nouvelle taxe sur les mégots de cigarette, en vue de lutter contre la pollution qu'ils génèrent. « Le mégot de cigarette est un déchet toxique, difficile à collecter et très nuisible pour l'environnement. En créant une taxe sur ce reste inutile, nous voulons nous assurer que les torts causés à l'environnement par la consommation de tabac soient en partie réparés », a expliqué le responsable ivoirien.

Cette nouvelle mesure s'inscrit dans une vision plus large de l'engagement de la Côte d'Ivoire en faveur de la protection de l'environnement et de la santé publique. En allouant une partie des recettes fiscales à la gestion des déchets et à la préservation de l'environnement, le gouvernement montre sa volonté d'adopter une approche holistique de la lutte contre le tabac.

Au cours du sommet, de nombreux intervenants ont également insisté sur la nécessité d'une coopération accrue entre les pays africains pour renforcer la lutte contre le tabagisme. L'Acta a fait appel à une plus grande harmonisation des politiques fiscales sur le tabac entre les pays du continent, afin d'éviter que les différences de taxation ne conduisent à des écarts de prix qui inciteraient les consommateurs à se tourner vers des marchés plus abordables.

Le sommet a été marqué par des discussions sur les moyens de surmonter les obstacles que rencontrent certains pays dans la mise en place de taxes plus élevées. Les représentants de la société civile ont souligné l'importance d'une volonté politique forte et d'un soutien international pour garantir la mise en place de ces mesures. « Nous devons nous soutenir mutuellement et travailler ensemble pour construire une Afrique sans tabac », a déclaré un représentant de l'Alliance pour la lutte antitabac en Asie du Sud-Est (Seatca).

L'augmentation des taxes sur le tabac ne représente qu'un des volets de la lutte contre le tabagisme en Afrique. Les participants au sommet ont également insisté sur la nécessité d'intensifier les campagnes de sensibilisation et d'éducation, notamment auprès des jeunes, qui restent une cible privilégiée des industriels du tabac. La création de programmes de soutien pour les personnes souhaitant arrêter de fumer a été également évoquée comme un élément essentiel pour garantir l'efficacité des politiques fiscales.

Les pays participants se sont engagés à renforcer leur collaboration pour mettre en place des initiatives communes, telles que des programmes de prévention régionaux et des actions concertées contre le commerce illicite des produits du tabac. Pour beaucoup, il est essentiel de s'assurer que la lutte contre le tabac fasse partie intégrante des politiques de santé publique, afin de créer un environnement où les jeunes ne soient plus exposés aux dangers de la cigarette.

Le Sommet africain sur l'amélioration des mesures de taxation du tabac marque une étape importante dans la lutte contre cette épidémie silencieuse qui touche des millions de personnes sur le continent. L'engagement des gouvernements et des organisations de la société civile montre qu'il est possible de réduire la prévalence du tabagisme, tout en renforçant les systèmes de santé grâce aux recettes fiscales générées.

Cependant, de nombreuses questions subsistent : comment garantir que les taxes sur le tabac soient appliquées de manière équitable et efficace dans tous les pays africains ? Et comment s'assurer que les recettes fiscales soient réellement utilisées pour améliorer la santé publique et soutenir les populations les plus vulnérables ?

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Image de Société. Le 7 septembre 2024, Nairobi, la capitale du Kenya, a accueilli le Sommet africain sur l'amélioration des mesures de taxation du tabac, organisé par l'Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (Acta). Ce sommet de 72 heures se veut être un cadre de partage d'expériences et de réflexion autour des meilleures stratégies pour lutter contre le tabagisme et financer la santé publique sur le continent. Retour sur les moments forts de cet événement où experts, responsables gouvernementaux et acteurs de la société civile ont réfléchi aux moyens de réduire l'impact du tabac sur les populations africaines, tout en garantissant des ressources pour améliorer les services de santé. La vision du Kenya : une stratégie intégrée pour la santé publique Le sommet s'est ouvert par l'intervention de Pauline Achieng, représentante du ministère de la Santé du Kenya, qui a déclaré que le tabagisme représente « un véritable fardeau » pour le continent africain. Selon elle, la consommation de tabac est une épidémie croissante qui pèse sur les systèmes de santé africains, déjà fragiles. Malgré les campagnes de sensibilisation, la consommation de tabac ne cesse d'augmenter, notamment en raison des stratégies marketing agressives des industriels du tabac qui ciblent les jeunes. Le gouvernement kenyan s'est aligné sur la vision défendue par l'Acta, en faveur d'une augmentation des droits d'accises sur les produits du tabac, qu'ils soient fabriqués localement ou importés. Pauline Achieng a cité l'exemple de l'Afrique du Sud, qui, dès 1990, a choisi d'augmenter ses taxes sur le tabac. Cette mesure a permis une réduction significative de la consommation, tout en augmentant les recettes fiscales. « C'est une solution gagnante à tous les niveaux : elle protège la santé des citoyens tout en générant des ressources essentielles pour les programmes de santé », a-t-elle expliqué. La stratégie proposée au cours de ce sommet repose sur l'article 6 de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (Cclat), qui préconise l'utilisation des mesures fiscales pour réduire la consommation de tabac. L'objectif n'est pas de « punir les industriels ou les consommateurs, mais de mener une gouvernance responsable orientée sur l'avenir », a martelé Pauline Achieng. En augmentant les taxes, les gouvernements espèrent non seulement réduire la consommation, mais aussi générer des revenus supplémentaires pour financer la santé publique. Léonce Sessou, secrétaire exécutif de l'Acta, a rappelé que le tabac est l'un des principaux facteurs de risque pour les maladies non transmissibles, telles que le cancer ou le diabète. Les conséquences sanitaires et économiques du tabagisme sont bien documentées : « Le tabac coûte cher à nos États, et il est impératif de le taxer aussi fortement que possible pour couvrir les frais de santé qu'il génère », a-t-il ajouté. L'Acta plaide ainsi pour une Afrique en bonne santé, où le bien-être de chaque citoyen est protégé. Réduire l'accessibilité : la stratégie de l'OMS Afrique Noureiny Tcha-Kondor, représentant de l'OMS Afrique, a mis en avant la nécessité de rendre les produits du tabac moins abordables pour le consommateur final. Selon lui, des taxes plus élevées doivent s'accompagner de mesures fiscales spécifiques pour garantir que les produits deviennent inaccessibles aux jeunes et aux personnes à faibles revenus. « Nous devons nous assurer que les prix du tabac dissuadent les gens de l'acheter, et cela nécessite des politiques fiscales courageuses et ambitieuses », a-t-il expliqué. L'OMS encourage également les pays africains à adopter une politique fiscale mixte, incluant un ratio d'imposition sur le prix de vente et une taxe fixe par paquet de cigarettes. Pour les pays de la CEDEAO, par exemple, une recommandation consiste à appliquer un ratio de 50 % de taxe sur le prix de vente, ajoutée à une taxe fixe de 250 FCFA par paquet. Ces mesures, bien que difficiles à mettre en œuvre dans certains contextes économiques, sont jugées indispensables pour lutter efficacement contre le tabagisme. La Côte d'Ivoire a été présentée lors du sommet comme un exemple à suivre en Afrique de l'Ouest en matière de taxation des produits du tabac. Antoine Konan Kouassi, sous-directeur de la législation à la Direction générale des impôts (DGI), a expliqué que la Côte d'Ivoire applique une taxe globale de 49 % sur les produits du tabac, quel que soit leur lieu de fabrication. Cette taxe comprend les droits d'accises, une taxe pour le développement du sport et une taxe de solidarité pour la lutte contre le VIH/Sida et le tabagisme. Cette approche a permis au pays de réaliser des avancées significatives tant en termes de réduction de la consommation qu'en termes de financement des programmes de santé. Les recettes fiscales issues de la taxation du tabac ont augmenté, passant de 52,3 milliards de FCFA en 2021 à 60 milliards en 2023, ce qui a permis de financer directement des initiatives de santé publique. « L'affectation d'une partie des taxes sur le tabac pour financer la santé est une initiative louable qui doit être encouragée », a affirmé Antoine Konan Kouassi. Une taxe sur les mégots pour protéger l'environnement La Côte d'Ivoire ne s'arrête pas là. Antoine Konan Kouassi a annoncé que le gouvernement prévoyait d'introduire une nouvelle taxe sur les mégots de cigarette, en vue de lutter contre la pollution qu'ils génèrent. « Le mégot de cigarette est un déchet toxique, difficile à collecter et très nuisible pour l'environnement. En créant une taxe sur ce reste inutile, nous voulons nous assurer que les torts causés à l'environnement par la consommation de tabac soient en partie réparés », a expliqué le responsable ivoirien. Cette nouvelle mesure s'inscrit dans une vision plus large de l'engagement de la Côte d'Ivoire en faveur de la protection de l'environnement et de la santé publique. En allouant une partie des recettes fiscales à la gestion des déchets et à la préservation de l'environnement, le gouvernement montre sa volonté d'adopter une approche holistique de la lutte contre le tabac. Au cours du sommet, de nombreux intervenants ont également insisté sur la nécessité d'une coopération accrue entre les pays africains pour renforcer la lutte contre le tabagisme. L'Acta a fait appel à une plus grande harmonisation des politiques fiscales sur le tabac entre les pays du continent, afin d'éviter que les différences de taxation ne conduisent à des écarts de prix qui inciteraient les consommateurs à se tourner vers des marchés plus abordables. Le sommet a été marqué par des discussions sur les moyens de surmonter les obstacles que rencontrent certains pays dans la mise en place de taxes plus élevées. Les représentants de la société civile ont souligné l'importance d'une volonté politique forte et d'un soutien international pour garantir la mise en place de ces mesures. « Nous devons nous soutenir mutuellement et travailler ensemble pour construire une Afrique sans tabac », a déclaré un représentant de l'Alliance pour la lutte antitabac en Asie du Sud-Est (Seatca). L'augmentation des taxes sur le tabac ne représente qu'un des volets de la lutte contre le tabagisme en Afrique. Les participants au sommet ont également insisté sur la nécessité d'intensifier les campagnes de sensibilisation et d'éducation, notamment auprès des jeunes, qui restent une cible privilégiée des industriels du tabac. La création de programmes de soutien pour les personnes souhaitant arrêter de fumer a été également évoquée comme un élément essentiel pour garantir l'efficacité des politiques fiscales. Les pays participants se sont engagés à renforcer leur collaboration pour mettre en place des initiatives communes, telles que des programmes de prévention régionaux et des actions concertées contre le commerce illicite des produits du tabac. Pour beaucoup, il est essentiel de s'assurer que la lutte contre le tabac fasse partie intégrante des politiques de santé publique, afin de créer un environnement où les jeunes ne soient plus exposés aux dangers de la cigarette. Le Sommet africain sur l'amélioration des mesures de taxation du tabac marque une étape importante dans la lutte contre cette épidémie silencieuse qui touche des millions de personnes sur le continent. L'engagement des gouvernements et des organisations de la société civile montre qu'il est possible de réduire la prévalence du tabagisme, tout en renforçant les systèmes de santé grâce aux recettes fiscales générées. Cependant, de nombreuses questions subsistent : comment garantir que les taxes sur le tabac soient appliquées de manière équitable et efficace dans tous les pays africains ? Et comment s'assurer que les recettes fiscales soient réellement utilisées pour améliorer la santé publique et soutenir les populations les plus vulnérables ?

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