Tidjane Thiam Critique Le "Faible Taux" d'Inscriptions Sur La Liste Électorale - Politique - Ivoireland

Lors d’un meeting à Aboisso, Tidjane Thiam, chef de file du principal parti d’opposition ivoirien, a tiré la sonnette d’alarme sur le faible taux d’inscription sur les listes électorales. Il appelle à une révision approfondie et à une prise de conscience collective à l’approche de la présidentielle de 2025, marquant ainsi un tournant dans le débat politique national.

Un constat alarmant sur les inscriptions électorales

À moins d’un an des élections présidentielles prévues en octobre 2025, Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), a soulevé une question cruciale : le faible taux d’enrôlement des citoyens sur les listes électorales. Lors d’un rassemblement à Aboisso, à une centaine de kilomètres à l’est d’Abidjan, il a déclaré : « Une des faiblesses majeures de notre démocratie est le faible taux d’enrôlement de nos populations sur les listes électorales. »

Malgré l’inscription de plus de 900 000 nouveaux électeurs cette année, la Commission électorale indépendante (CEI) n’a pas atteint les objectifs qu’elle s’était fixés. Dans un pays de 29 millions d’habitants, où près de la moitié de la population a moins de 18 ans, le corps électoral demeure sous-représenté. En comparaison, les élections locales de 2023 avaient mobilisé 8 millions d’électeurs.

Tidjane Thiam a exigé une nouvelle révision de la liste électorale dès 2025, idéalement en février. Il a plaidé pour une fréquence annuelle de cette opération afin de garantir une meilleure représentativité. Cette demande rejoint celles de plusieurs autres partis d’opposition qui militent pour une prolongation ou un renouvellement systématique des inscriptions électorales. « Nous exigeons une liste électorale qui reflète la réalité de notre population », a-t-il affirmé, soulignant l’importance de renforcer la confiance des citoyens dans le processus électoral.

Depuis son élection à la tête du PDCI-RDA il y a un an, Tidjane Thiam a intensifié ses activités politiques. Multipliant les meetings, notamment en dehors d’Abidjan, il cherche à être « plus proche du terrain », selon ses propres mots. Lors de son intervention à Aboisso, il n’a pas hésité à partager quelques pas de danse avec ses partisans, une manière de renforcer son lien avec les militants.

Pour Charles Kouamé, étudiant et développeur web, cette proximité est essentielle : « Son parcours nous inspire confiance. Le fait qu’il soit un ancien ingénieur et banquier lui permet de concevoir des idées innovantes pour le pays. »

Des promesses de changement et d’alternance pacifique

Bien qu’il n’ait pas encore dévoilé de programme électoral complet, Tidjane Thiam a esquissé les grandes lignes de sa vision pour la Côte d’Ivoire. Il aspire à une croissance économique « qui profite à tous » et à une « alternance politique dans la paix ».

L’éducation figure également parmi ses priorités. Dénonçant une baisse de la qualité de l’enseignement et du niveau d’expression, il a affirmé vouloir redonner à ce secteur la place qu’il mérite. « L’éducation est la clé de notre avenir. Nous ne pouvons pas accepter que nos enfants soient privés d’un enseignement de qualité », a-t-il insisté.

Le leader du PDCI-RDA a également abordé la question de l’inflation, qu’il qualifie d’« intenable ». « Les prix des denrées alimentaires augmentent de manière alarmante, et cela pèse lourdement sur les ménages », a-t-il déclaré sous les cris approbateurs de la foule. Dominique Yao Koffi, instituteur et coordinateur régional des enseignants à Aboisso, partage cette inquiétude : « Nous avons besoin d’un changement pour améliorer notre niveau de vie. »

La course à la présidentielle de 2025 s’annonce déjà comme un véritable bras de fer. Plusieurs figures de l’opposition, comme l’ancien président Laurent Gbagbo, ont annoncé leur intention de se présenter, bien que certaines candidatures soient controversées. Pendant ce temps, le président sortant, Alassane Ouattara, n’a pas encore fait part de ses intentions concernant un quatrième mandat. Face à ces enjeux, le PDCI-RDA doit encore désigner officiellement son candidat lors d’une convention. Toutefois, la posture de Tidjane Thiam laisse peu de doute sur ses ambitions présidentielles.

Avec une histoire marquée par des crises électorales, comme celle de 2010-2011 qui a fait 3000 morts, la Côte d’Ivoire reste en quête de stabilité politique. Les appels à une révision des listes électorales et à une participation citoyenne accrue reflètent une volonté de renforcer les bases de la démocratie.

La question posée par Tidjane Thiam ne concerne pas seulement les électeurs de son parti, mais tous les citoyens ivoiriens : comment assurer une participation massive et équitable au processus électoral ? Alors que les défis économiques et sociaux se multiplient, le peuple ivoirien saura-t-il se mobiliser pour façonner un avenir politique à la hauteur de ses aspirations ?