Présidentielle 2025: Ouattara Se Dit "En Pleine Santé Et Désireux De Continuer" - Politique - Ivoireland

Alors que la Côte d’Ivoire s’apprête à entrer dans une année électorale cruciale, la question d’une éventuelle candidature du Président Alassane Ouattara pour un quatrième mandat alimente les discussions. Lors d’une cérémonie officielle, le chef de l’État a réaffirmé son engagement envers son pays, sans pour autant clarifier ses intentions, ravivant ainsi les débats sur la légalité et l’opportunité politique de cette décision.

Une candidature en suspens : entre certitudes et incertitudes

Jeudi 9 janvier 2025, au palais présidentiel d'Abidjan, Alassane Ouattara recevait les vœux des membres du corps diplomatique accrédité en Côte d’Ivoire. Ce moment de formalité diplomatique a pris une tournure politique lorsqu’il a évoqué la question de sa candidature à l’élection présidentielle prévue en octobre prochain.

Dans un discours soigneusement calibré, le président ivoirien, âgé de 82 ans, a affirmé : « Je suis en pleine santé et désireux de continuer à servir mon pays. » Toutefois, il a précisé qu'aucune décision définitive n’avait été prise à ce sujet, ajoutant que le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), son parti politique, disposait de plusieurs candidats potentiels en cas de besoin.

Cette déclaration a été perçue par certains comme une ouverture vers une candidature imminente, d’autant plus que de nombreux cadres du parti insistent publiquement pour qu’il se présente, le désignant comme le candidat « naturel » pour maintenir la stabilité et la continuité. Pourtant, cette éventualité divise l'opinion publique et exacerbe les tensions politiques.

Un contexte politique déjà tendu
L’idée d’un quatrième mandat ne fait pas l’unanimité. En Côte d’Ivoire, la constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels, bien que le président Ouattara ait justifié sa troisième candidature en 2020 par l'adoption d'une nouvelle constitution en 2016, qu’il estime avoir remis les compteurs à zéro. Cette interprétation a toutefois été vivement contestée par l’opposition et une partie de la société civile.

En 2020, sa réélection avait entraîné des manifestations violentes dans plusieurs régions du pays, faisant au moins 85 morts et plus de 500 blessés. Ces évènements ont laissé des cicatrices profondes, avec un climat politique marqué par une méfiance entre le pouvoir et l’opposition.

Aujourd’hui, l’annonce d’une possible candidature en 2025 ravive les débats sur la légitimité de cette démarche. Certains estiment qu’elle pourrait relancer des tensions dans un pays qui a encore du mal à surmonter les divisions issues des crises post-électorales de 2010 et 2020.

L’opposition : entre contestation et stratégie

L’opposition, menée par des figures telles que Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, ne cache pas son hostilité à un quatrième mandat d’Alassane Ouattara. Elle dénonce une violation de l'esprit de la Constitution et appelle à une alternance politique.

Cependant, elle fait face à ses propres défis : divisions internes, manque de leadership unifié et difficultés à mobiliser un électorat désabusé. En réponse à la stratégie du RHDP, l’opposition cherche à renforcer ses alliances pour présenter une alternative crédible en octobre 2025.

Les militants des deux camps intensifient leurs actions : réunions, campagnes de sensibilisation et mobilisations de terrain. Mais le souvenir des violences de 2020 plane sur ces initiatives, incitant certains à appeler au dialogue national pour éviter un nouvel affrontement.

Une élection aux enjeux multiples
Le scrutin présidentiel d’octobre 2025 dépasse la simple question d’une candidature ou non d’Alassane Ouattara. Il représente un test majeur pour la démocratie ivoirienne, mais aussi pour sa stabilité économique et sociale.

Les partisans du président estiment qu’il incarne la stabilité, la croissance économique et l’expérience. Ses opposants, en revanche, appellent à une transition générationnelle et à un renouvellement de la classe politique.

Cette élection pose également des questions sur la capacité des institutions à garantir un processus démocratique transparent et inclusif. Dans un pays où le souvenir des crises passées reste vivace, le moindre dysfonctionnement pourrait entraîner des conséquences graves.

Alors que le débat sur la candidature d’Alassane Ouattara s’intensifie, la Côte d’Ivoire est à un tournant décisif de son histoire politique. L’enjeu ne se limite pas à la personne du président, mais touche au cœur des principes démocratiques, de la stabilité et de l’alternance.

Face à ces défis, une question cruciale demeure : la Côte d’Ivoire peut-elle trouver un équilibre entre continuité et renouvellement politique sans compromettre sa paix sociale ?