Suite sa victoire écrasante à l'élection présidentielle dimanche, Javier Milei commence à former son équipe gouvernementale. Mettant en avant des mesures radicales telles que privatisations, dollarisation, et coupes drastiques dans les dépenses publiques, le président élu cherche à résoudre la crise économique qui a fortement contribué à son succès électoral.
Suite à ses entretiens radiophoniques, Milei a dévoilé certains membres clés de son gouvernement, notamment Mariano Cuneo Libarona pour la Justice et Carolina Piparo aux Affaires sociales. Le nouveau président ultralibéral prévoit de stabiliser l'inflation actuelle de 143 % par an dans un délai de 18 à 24 mois en réduisant l'émission monétaire.
Parmi ses annonces les plus marquantes figurent une série de privatisations, notamment de l'agence de presse Telam, de la télévision et de la radio publiques, ainsi que du géant pétrolier YPF. Milei affirme que la télévision publique est devenue un instrument de propagande et soutient la privatisation de tout ce qui peut être géré par le secteur privé.
Affichant sa détermination à endosser le rôle présidentiel, Milei prévoit des voyages aux États-Unis et en Israël, qualifiant cela d'"expérience spirituelle" après avoir exprimé une inclination vers le judaïsme pendant la campagne.
La transition vers le pouvoir présidentiel implique également des rencontres avec le président sortant Alberto Fernandez et l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro. Toutefois, des défis substantiels attendent Milei, notamment la nécessité de répondre rapidement aux attentes des citoyens concernant la réduction de l'inflation et la réalisation de la dollarisation économique promise.
Avec 56 % des voix, Milei bénéficie d'un soutien populaire massif, mais des experts avertissent que cette popularité pourrait diminuer rapidement face aux attentes élevées de résultats immédiats. La composition politique du Parlement, où La Liberté avance dispose de seulement 38 sièges sur 217, ajoute une complexité à la réalisation des projets ambitieux du nouveau président.
L'alliance nécessaire avec l'ex-président Macri, qui dirige une coalition de 93 députés, souligne la dépendance de Milei à l'égard de la droite traditionnelle. Cependant, cette alliance fragile pourrait entraver la mise en œuvre du programme de rupture radicale que Milei a promis pendant la campagne.
Des analystes soulignent que le discours anti-"caste" de Milei s'est transformé en un choix entre "kirchnerisme ou liberté", illustrant la complexité de sa position politique. De plus, l'inexpérience de Milei et le manque de structure dans son mouvement politique pourraient conduire à une dépendance envers les législateurs de Macri pour assurer une gouvernabilité minimale.
La victoire de Milei, après avoir battu successivement la droite traditionnelle et le parti péroniste, s'annonce comme un exercice périlleux du pouvoir. Dans les semaines à venir, il devra faire face à l'impatience de ses électeurs demandant une sortie rapide de la crise économique, ainsi qu'aux vengeances potentielles de l'ex-président Macri envers les adversaires kirchneristes.
Dans ce contexte complexe, la question demeure : Javier Milei pourra-t-il concilier son projet libertarien ambitieux avec les réalités politiques et économiques de l'Argentine, ou sera-t-il contraint de faire des compromis pour maintenir la stabilité politique et sociale du pays?
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