La proposition du président élu d'Argentine, Javier Milei, de dollariser l'économie du pays, remet en question les fondements monétaires traditionnels. Cette initiative audacieuse vise à abandonner le peso argentin au profit du dollar américain, suscitant des débats intenses sur les implications économiques, politiques et sociales d'une telle transition.
Le contexte de cette proposition est marqué par une inflation exceptionnellement élevée en Argentine, atteignant 143% sur une année. Milei qualifie le peso de "d'excrément", alimentant ainsi la controverse et attirant des critiques du président en exercice, Alberto Fernandez.
L'idée de dollariser l'économie n'est pas nouvelle dans la région, avec des précédents au Salvador, en Équateur et au Panama. Ces expériences offrent un terrain fertile pour évaluer les conséquences potentielles d'une telle mesure en Argentine.
Au Salvador, la dollarisation a été mise en place en 2001 dans le but de rendre le pays plus attractif pour les investisseurs étrangers et de réduire les risques de dévaluation. Cependant, les effets ont été mitigés, avec une inflation maîtrisée mais ressentie de manière disproportionnée par les populations vulnérables. Des questions subsistent sur la dépendance vis-à-vis de la politique monétaire des États-Unis.
Le Panama, de son côté, utilise le dollar depuis 1904, mais présente des inégalités économiques importantes malgré une inflation modérée. Cette dualité soulève des interrogations sur la viabilité à long terme d'une économie dollarisée.
Au Venezuela, une dollarisation informelle a émergé en réponse à une crise aiguë, illustrant les conséquences imprévues de la dévaluation de la monnaie locale. Cependant, cette transition a également introduit des paradoxes politiques, le billet vert devenant prédominant malgré son statut d'ennemi déclaré.
Dans certains pays d'Amérique latine, l'utilisation du dollar pour des transactions spécifiques, comme les contrats de location au Pérou et en Uruguay, offre des nuances intéressantes dans le débat sur la dollarisation.
En conclusion, la proposition de dollarisation en Argentine soulève des questions complexes sur la stabilité économique, la dépendance extérieure et les inégalités sociales. Les expériences passées dans la région fournissent des enseignements précieux, mais chaque pays a ses spécificités. La question cruciale demeure : la dollarisation est-elle la réponse aux défis économiques de l'Argentine, et quelles leçons peut-elle tirer des expériences des autres nations latino-américaines ayant emprunté cette voie ?
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