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Samedi, 21 Décembre 2024 à 17:07 |
Forum Ivoireland / Agriculture / Côte d'Ivoire: Les Intempéries Mettent En Péril La Production De Cacao (8 Vues)
Production De Cacao: La Côte d’Ivoire Explique l'Écart De Prix Avec Le Cameroun / Côte d’Ivoire: 18 Zones Identifiées Pour Dynamiser La Production De Coton / Campagne Cacao 2024-2025: De Nouvelles Mesures Annoncées Par Le Conseil (2) (3) (4)
La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, se trouve à un tournant crucial. Depuis plusieurs mois, les agriculteurs et les exportateurs ivoiriens sont confrontés à des conditions météorologiques exceptionnelles qui menacent l'avenir de la filière cacao. Après un début de saison prometteur, une série de fortes intempéries, notamment des pluies torrentielles, a gravement affecté les récoltes. Si la production était initialement attendue en hausse, les rendements sont aujourd’hui bien en deçà des prévisions, suscitant des inquiétudes à la fois économiques et sociales. Ce retournement de situation pourrait avoir des répercussions à long terme sur l’économie du pays, la stabilité du marché mondial et la vie des milliers de producteurs qui dépendent de cette culture.
Une récolte sous tension : Quand les espérances sont douchées par la pluieLa campagne cacaoyère 2024 avait bien démarré. Les premiers mois de la saison laissaient entrevoir de belles perspectives pour la production de cacao en Côte d'Ivoire. Les conditions climatiques, particulièrement favorables au début de l’année, avaient permis une croissance vigoureuse des fèves, et l’optimisme régnait parmi les producteurs. De nombreux agriculteurs, qui avaient investi dans de nouvelles pratiques agricoles et dans l’amélioration de la qualité de leurs récoltes, se réjouissaient d’un avenir plus stable et lucratif. Cependant, cet optimisme a été de courte durée. Dès le mois d’octobre, de fortes pluies ont déstabilisé le rythme de production. « Nous étions heureux au début du mois d’octobre, mais les pluies sont arrivées et ont tout gâché », raconte Daniel Konan Kanga, un agriculteur de Duekoué, une région du pays particulièrement touchée. Les fortes averses ont non seulement détérioré les récoltes mais ont également entraîné une stagnation de la production, bien en deçà des objectifs fixés. Les effets de ces intempéries se sont rapidement ressentis sur les rendements, avec des récoltes plus petites et de qualité inférieure. L’eau excessive a provoqué des maladies fongiques et autres déséquilibres écologiques, mettant en péril des mois de travail acharné. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la Côte d'Ivoire représente à elle seule environ 40 % de la production mondiale de cacao, un secteur clé pour l’économie ivoirienne. La chute de la production en cours pourrait donc avoir des répercussions sur l'ensemble du marché mondial du cacao. Les exportateurs, eux aussi, sont confrontés à une réalité difficile. Alors que les volumes de cacao expédiés vers l’étranger avaient progressé au début de la saison, ils connaissent désormais un ralentissement inquiétant. « Si vous comparez les arrivées à celles de 2022, une saison normale, nous sommes 15 % en dessous », précise un exportateur européen. Cette baisse de production risque d’avoir un impact direct sur la capacité de la Côte d’Ivoire à honorer ses contrats d’exportation. La situation est d'autant plus critique que le cacao, en tant que matière première, est une denrée très convoitée sur le marché international. Les fluctuations des volumes d’exportation peuvent entraîner une volatilité des prix, nuisant ainsi à la stabilité du marché. Pour les entreprises, la difficulté à obtenir des quantités suffisantes de fèves pourrait se traduire par des tensions sur le marché mondial, d’autant plus que d’autres pays producteurs comme le Ghana, également affecté par des conditions climatiques extrêmes, peinent à augmenter leur production. En conséquence, l’offre de cacao pourrait être insuffisante pour répondre à la demande, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix sur les marchés internationaux. Cette situation aurait des répercussions en chaîne, notamment pour les grandes entreprises de transformation qui dépendent de l’approvisionnement en fèves pour fabriquer le chocolat, notamment dans les pays consommateurs. https://www.youtube.com/watch?v=iRwVNjUtuYA Un avenir incertain : Les défis qui attendent la filière cacaoL'incertitude plane désormais sur l'ensemble de la filière cacao ivoirienne. Pour les mois à venir, les perspectives restent préoccupantes. Les professionnels du secteur s’accordent à dire que la situation ne risque pas de s’améliorer de sitôt. « Je ne vois pas comment nous pourrions atteindre nos objectifs de volume avec deux ou trois mois de faibles arrivées », s’inquiète un directeur d’une multinationale exportatrice. Les prévisions sont donc alarmantes : les pénuries de cacao pourraient se prolonger jusqu’au mois de mars 2024, ce qui mettrait à mal la stabilité du marché. Cette crise pourrait également exacerber les tensions sociales et économiques. En effet, de nombreux producteurs vivent directement des revenus générés par la culture du cacao, et une baisse de production pourrait affecter leurs moyens de subsistance. Le gouvernement ivoirien, déjà confronté à des défis économiques multiples, se voit contraint de réagir rapidement pour protéger cette filière essentielle. Les agriculteurs sont les premières victimes de cette crise. Ces derniers, en majorité des petits producteurs, risquent de se retrouver dans une situation précaire si les récoltes continuent à être affectées par les intempéries. Nombre d'entre eux ont déjà exprimé leurs préoccupations quant à leur capacité à subsister. L’agriculture cacaoyère, bien qu’en proie à une diversification progressive, reste encore une source de revenus primordiale pour des millions de personnes en Côte d’Ivoire. Le marché local du cacao, qui représente une part importante de l’économie rurale, pourrait donc connaître une chute des revenus pour les producteurs. En outre, l’impact des faibles rendements pourrait affecter les prix payés aux producteurs, entraînant des tensions entre agriculteurs et négociants. Certains agriculteurs expriment leur frustration face à des pratiques d’achat parfois jugées abusives, mettant en lumière la nécessité de réformes au sein de la chaîne de valeur du cacao en Côte d’Ivoire. Le gouvernement ivoirien devra, par conséquent, envisager des mesures d’urgence pour soutenir les producteurs. Des aides financières, la distribution de semences résistantes et la mise en place de programmes de soutien aux agriculteurs les plus vulnérables pourraient être envisagées pour atténuer les effets de la crise. Cependant, le défi reste immense, car la crise climatique affecte bien plus que les rendements : elle pose la question de la durabilité même de la culture du cacao à long terme. Face à ces défis, les solutions pour préserver la filière cacao en Côte d’Ivoire se multiplient, mais aucune n’est simple. Certains experts appellent à une adaptation plus rapide aux réalités du changement climatique. Cela pourrait inclure l’implantation de nouvelles variétés de cacao plus résistantes aux maladies et aux intempéries, mais également une réforme en profondeur des pratiques agricoles. L’introduction de systèmes de culture plus durables et moins dépendants des conditions climatiques extrêmes pourrait être une réponse pour anticiper de futures crises. D’autres experts soulignent la nécessité de diversifier les sources de revenus des producteurs, afin de les rendre moins vulnérables aux aléas climatiques. La diversification des cultures et l’amélioration de l’accès à des marchés alternatifs pourraient permettre aux agriculteurs de mieux résister aux fluctuations du marché mondial du cacao. La crise actuelle soulève également la question du modèle économique de la Côte d'Ivoire, fondé en grande partie sur une agriculture d'exportation. Le cacao, bien qu’important, n’est qu’une des nombreuses matières premières que le pays exporte. Les récents événements montrent la fragilité de ce modèle face aux bouleversements climatiques. Comment la Côte d'Ivoire pourrait-elle renforcer sa résilience et diversifier son économie pour réduire sa dépendance à l’agriculture traditionnelle ?
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