Se connecter
Jeudi, 9 Janvier 2025 à 21:56

"La Vie Des Signes": Abdoulaye Konaté, Artiste Malien, s'Expose En Côte d'Ivoire - Art - Ivoireland

Forum Ivoireland / Art / "La Vie Des Signes": Abdoulaye Konaté, Artiste Malien, s'Expose En Côte d'Ivoire (20 Vues)

Arts Visuels: Mariette Bini Élue Meilleure Jeune Artiste De l'Année 2024 / L'Attiéké De Côte d'Ivoire Inscrit Au Patrimoine Culturel Immatériel De l'Unesco / Jacques Samir Stenka: Une Icône Des Arts Plastiques s’Éteint En Côte d’Ivoire (2)

(1) Répondre (Descendre)

RomeoIvoire RomeoIvoire le 11 décembre 2024 à 17:14

La galerie Farah Fakhri, située au cœur du Plateau, un quartier d’Abidjan en pleine effervescence culturelle, accueille jusqu’au 8 février 2025 une exposition particulière. Intitulée « La Vie des Signes », elle marque l’entrée en scène de l’artiste malien Abdoulaye Konaté dans le monde de l’art contemporain ivoirien. Un événement de grande envergure qui ne saurait passer inaperçu, tant par la singularité des œuvres présentées que par le parcours exceptionnel de l’artiste. À 72 ans, Konaté, pionnier de l’art textile ouest-africain, nous invite à découvrir une série de sept toiles monumentales mêlant abstraction géométrique et influences culturelles profondes. Une véritable immersion dans un univers où l’art du tissage se conjugue avec l’histoire, la nature et l’identité ouest-africaine.

Une galerie, une rencontre, une passion


C’est une rencontre qui, pour la galeriste Farah Fakhri, incarne la concrétisation d’un rêve de longue date. « Mon mari savait que j’adorais Abdoulaye Konaté, et pour mes 40 ans, il m’a offert une œuvre de lui », se souvient-elle avec émotion. Ce geste, bien plus qu’un simple cadeau, a marqué le début d’une relation professionnelle et amicale avec l’artiste. Après plusieurs échanges, l’idée d’organiser une exposition individuelle à Abidjan, une première pour l’artiste malien dans la capitale ivoirienne, a germé. « Nous avons travaillé de concert pendant plusieurs mois pour que cette exposition prenne forme, avec beaucoup de recherches menées par Abdoulaye sur les tissus ivoiriens », raconte-t-elle. Un véritable projet de passion et de respect mutuel qui se reflète dans l’aboutissement de cette exposition.

La série d’œuvres présentée sous le titre « La Vie des Signes » se compose de sept toiles monumentales qui plongent le visiteur dans un monde de textures, de couleurs et de symboles. Chaque toile, réalisée à partir de bandes de tissu cousues et assemblées, est un travail de minutie où se mêlent des dégradés de bleus, noirs, rouges et verts. Ces tons ne sont pas simplement esthétiques ; ils sont le reflet de la nature, de la mer, du minéral, mais aussi de la spiritualité et de la tradition de l’Afrique de l’Ouest.

Abdoulaye Konaté, bien plus qu’un artiste, se présente comme un passeur de culture. Né à San, au Mali, il a été formé dès son plus jeune âge aux arts traditionnels de sa région. Mais son génie réside dans sa capacité à transcender ces savoirs ancestraux pour les réinterpréter à travers une vision contemporaine. Le tissu qu’il utilise, notamment le bazin, est un matériau que l’on retrouve dans toute l’Afrique de l’Ouest. D’abord utilisé pour les grandes occasions, comme les mariages ou les fêtes, le bazin devient ici le vecteur d’une nouvelle narration visuelle.

Konaté n’est pas seulement un créateur ; il est également un chercheur. Son travail n’a rien d’un simple exercice esthétique ; il s’inscrit dans un processus de recherche approfondie. Dans un entretien, il expliquait : « Nous avons évité de citer des groupes ethniques spécifiques. Le travail que j’ai mené est une synthèse des techniques et motifs textiles ancestraux de Côte d'Ivoire. Je voulais m’inspirer des artisans et artistes du pays, comprendre comment ils créent et comment ils réalisent leurs œuvres sur le textile. » Ce désir d’authenticité et de fidélité à la tradition se retrouve dans chaque œuvre présentée. L’artiste a passé des mois à étudier les techniques de tissage, la teinture, et les motifs traditionnels ivoiriens, avant de les réinterpréter à sa manière.

Les œuvres sont réalisées en plusieurs étapes : d'abord, un travail manuel minutieux de teinture à Bamako, au Mali, puis un travail au sol sur des motifs précis, avant d’être finalisé à la machine. Une démarche qui témoigne de la rigueur du processus créatif, et de l'implication de l'artiste dans toutes les étapes de la création.

La rencontre de l'artiste et du public : un échange riche et ouvert


Le vernissage de l’exposition, qui a eu lieu le 5 décembre 2024, a attiré un public passionné, parmi lequel se trouvait Henri N’Koumo, directeur des arts plastiques et visuels au ministère ivoirien de la Culture. À cette occasion, N’Koumo a salué le travail de Konaté, soulignant que « ce travail est important non seulement pour sa dimension plastique mais aussi pour son apport à la construction de l’identité visuelle de la région. » Selon lui, les jeunes générations ivoiriennes doivent s’impliquer dans la compréhension et l'appréciation de ce type d'art, et l'exposition de Konaté est une opportunité pour les étudiants en arts de s’imprégner d’un héritage visuel crucial.

L’exposition a également été l’occasion d’une discussion publique animée par Henri N’Koumo. Lors de cette rencontre, l’accent a été mis sur la portée graphique et plastique du travail de Konaté. Ses œuvres oscillent entre abstraction géométrique et abstraction lyrique, dans une recherche constante d’équilibre entre la forme et la couleur, entre le signe et le sens. Cette réflexion sur la place de l’art dans la société, son rôle dans la transmission des savoirs et des savoir-faire, a suscité un débat riche et constructif.

Ce qui distingue l'œuvre d’Abdoulaye Konaté, c’est sa capacité à insuffler à des matériaux traditionnels une nouvelle vie, une nouvelle vision. Le tissu, porteur de mémoire et de symboles, devient chez lui un langage universel. Dans une interview, il évoque les musiciens sénoufos, ces maîtres de la danse et de la musique, dont l’influence se retrouve dans ses œuvres. Les motifs, souvent géométriques, semblent parler de rituels anciens, d'histoires partagées, de luttes et de célébrations. Mais à travers le travail de Konaté, ces motifs prennent une nouvelle dimension, plus abstraite et plus contemporaine, tout en restant profondément ancrés dans les traditions d’Afrique de l’Ouest.

Il n’est donc pas surprenant que l’artiste insiste sur la nécessité pour les jeunes générations d’artistes africains de se tourner vers leur propre culture pour y puiser l’inspiration, tout en recherchant de nouveaux moyens d’expression. « Mon travail n’est pas une simple imitation des anciens. C’est une réinterprétation, une création, une volonté de rendre hommage à ce qui a été fait tout en ouvrant des pistes nouvelles », conclut-il.

La présentation de « La Vie des Signes » à Abidjan n’est pas simplement une exposition d’art, mais un acte de transmission, un dialogue entre les générations, les cultures et les techniques. À travers ces toiles monumentales, Abdoulaye Konaté nous invite à redécouvrir l’importance du textile dans l’histoire de l’art ouest-africain, tout en réaffirmant son engagement à inscrire son œuvre dans un processus de modernité. Cette exposition, qui durera jusqu’au 8 février 2025, constitue un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à l’art contemporain africain et à ses métamorphoses.

Mais au-delà des aspects artistiques, cette exposition soulève une question essentielle : comment les artistes africains peuvent-ils continuer à réinventer et à réinterpréter leurs traditions tout en créant des ponts vers le monde contemporain ? Et jusqu'où ces dialogues entre passé et futur, entre culture et modernité, pourront-ils façonner l'avenir de l'art africain ?

(Commenter) (Signaler)

Image de Art. La galerie Farah Fakhri, située au cœur du Plateau, un quartier d’Abidjan en pleine effervescence culturelle, accueille jusqu’au 8 février 2025 une exposition particulière. Intitulée « La Vie des Signes », elle marque l’entrée en scène de l’artiste malien Abdoulaye Konaté dans le monde de l’art contemporain ivoirien. Un événement de grande envergure qui ne saurait passer inaperçu, tant par la singularité des œuvres présentées que par le parcours exceptionnel de l’artiste. À 72 ans, Konaté, pionnier de l’art textile ouest-africain, nous invite à découvrir une série de sept toiles monumentales mêlant abstraction géométrique et influences culturelles profondes. Une véritable immersion dans un univers où l’art du tissage se conjugue avec l’histoire, la nature et l’identité ouest-africaine. Une galerie, une rencontre, une passion C’est une rencontre qui, pour la galeriste Farah Fakhri, incarne la concrétisation d’un rêve de longue date. « Mon mari savait que j’adorais Abdoulaye Konaté, et pour mes 40 ans, il m’a offert une œuvre de lui », se souvient-elle avec émotion. Ce geste, bien plus qu’un simple cadeau, a marqué le début d’une relation professionnelle et amicale avec l’artiste. Après plusieurs échanges, l’idée d’organiser une exposition individuelle à Abidjan, une première pour l’artiste malien dans la capitale ivoirienne, a germé. « Nous avons travaillé de concert pendant plusieurs mois pour que cette exposition prenne forme, avec beaucoup de recherches menées par Abdoulaye sur les tissus ivoiriens », raconte-t-elle. Un véritable projet de passion et de respect mutuel qui se reflète dans l’aboutissement de cette exposition. La série d’œuvres présentée sous le titre « La Vie des Signes » se compose de sept toiles monumentales qui plongent le visiteur dans un monde de textures, de couleurs et de symboles. Chaque toile, réalisée à partir de bandes de tissu cousues et assemblées, est un travail de minutie où se mêlent des dégradés de bleus, noirs, rouges et verts. Ces tons ne sont pas simplement esthétiques ; ils sont le reflet de la nature, de la mer, du minéral, mais aussi de la spiritualité et de la tradition de l’Afrique de l’Ouest. Abdoulaye Konaté, bien plus qu’un artiste, se présente comme un passeur de culture. Né à San, au Mali, il a été formé dès son plus jeune âge aux arts traditionnels de sa région. Mais son génie réside dans sa capacité à transcender ces savoirs ancestraux pour les réinterpréter à travers une vision contemporaine. Le tissu qu’il utilise, notamment le bazin, est un matériau que l’on retrouve dans toute l’Afrique de l’Ouest. D’abord utilisé pour les grandes occasions, comme les mariages ou les fêtes, le bazin devient ici le vecteur d’une nouvelle narration visuelle. Konaté n’est pas seulement un créateur ; il est également un chercheur. Son travail n’a rien d’un simple exercice esthétique ; il s’inscrit dans un processus de recherche approfondie. Dans un entretien, il expliquait : « Nous avons évité de citer des groupes ethniques spécifiques. Le travail que j’ai mené est une synthèse des techniques et motifs textiles ancestraux de Côte d'Ivoire. Je voulais m’inspirer des artisans et artistes du pays, comprendre comment ils créent et comment ils réalisent leurs œuvres sur le textile. » Ce désir d’authenticité et de fidélité à la tradition se retrouve dans chaque œuvre présentée. L’artiste a passé des mois à étudier les techniques de tissage, la teinture, et les motifs traditionnels ivoiriens, avant de les réinterpréter à sa manière. Les œuvres sont réalisées en plusieurs étapes : d'abord, un travail manuel minutieux de teinture à Bamako, au Mali, puis un travail au sol sur des motifs précis, avant d’être finalisé à la machine. Une démarche qui témoigne de la rigueur du processus créatif, et de l'implication de l'artiste dans toutes les étapes de la création. La rencontre de l'artiste et du public : un échange riche et ouvert Le vernissage de l’exposition, qui a eu lieu le 5 décembre 2024, a attiré un public passionné, parmi lequel se trouvait Henri N’Koumo, directeur des arts plastiques et visuels au ministère ivoirien de la Culture. À cette occasion, N’Koumo a salué le travail de Konaté, soulignant que « ce travail est important non seulement pour sa dimension plastique mais aussi pour son apport à la construction de l’identité visuelle de la région. » Selon lui, les jeunes générations ivoiriennes doivent s’impliquer dans la compréhension et l'appréciation de ce type d'art, et l'exposition de Konaté est une opportunité pour les étudiants en arts de s’imprégner d’un héritage visuel crucial. L’exposition a également été l’occasion d’une discussion publique animée par Henri N’Koumo. Lors de cette rencontre, l’accent a été mis sur la portée graphique et plastique du travail de Konaté. Ses œuvres oscillent entre abstraction géométrique et abstraction lyrique, dans une recherche constante d’équilibre entre la forme et la couleur, entre le signe et le sens. Cette réflexion sur la place de l’art dans la société, son rôle dans la transmission des savoirs et des savoir-faire, a suscité un débat riche et constructif. Ce qui distingue l'œuvre d’Abdoulaye Konaté, c’est sa capacité à insuffler à des matériaux traditionnels une nouvelle vie, une nouvelle vision. Le tissu, porteur de mémoire et de symboles, devient chez lui un langage universel. Dans une interview, il évoque les musiciens sénoufos, ces maîtres de la danse et de la musique, dont l’influence se retrouve dans ses œuvres. Les motifs, souvent géométriques, semblent parler de rituels anciens, d'histoires partagées, de luttes et de célébrations. Mais à travers le travail de Konaté, ces motifs prennent une nouvelle dimension, plus abstraite et plus contemporaine, tout en restant profondément ancrés dans les traditions d’Afrique de l’Ouest. Il n’est donc pas surprenant que l’artiste insiste sur la nécessité pour les jeunes générations d’artistes africains de se tourner vers leur propre culture pour y puiser l’inspiration, tout en recherchant de nouveaux moyens d’expression. « Mon travail n’est pas une simple imitation des anciens. C’est une réinterprétation, une création, une volonté de rendre hommage à ce qui a été fait tout en ouvrant des pistes nouvelles », conclut-il. La présentation de « La Vie des Signes » à Abidjan n’est pas simplement une exposition d’art, mais un acte de transmission, un dialogue entre les générations, les cultures et les techniques. À travers ces toiles monumentales, Abdoulaye Konaté nous invite à redécouvrir l’importance du textile dans l’histoire de l’art ouest-africain, tout en réaffirmant son engagement à inscrire son œuvre dans un processus de modernité. Cette exposition, qui durera jusqu’au 8 février 2025, constitue un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à l’art contemporain africain et à ses métamorphoses. Mais au-delà des aspects artistiques, cette exposition soulève une question essentielle : comment les artistes africains peuvent-ils continuer à réinventer et à réinterpréter leurs traditions tout en créant des ponts vers le monde contemporain ? Et jusqu'où ces dialogues entre passé et futur, entre culture et modernité, pourront-ils façonner l'avenir de l'art africain ?

(1) Répondre

Lili Women Festival: Un Tremplin Pour l'Émancipation Des Femmes Dans Les Arts / Abidjan: Vernissage De "Jouvence", l'Exposition Phygitale De Sellarts / Emmanuel Aby Say: Une Étoile Émergeante De La Danse Contemporaine Ivoirienne

(Remonter)

Ivoireland - Copyright © 2012 - 2025 Tous droits réservés.
Avertissement: Chaque membre est responsable de tout ce qu'il/elle poste ou télécharge sur Ivoireland.