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Le Graffiti Prend Place Sur Les Gbakas Et Wôrô-Wôrô, Transports Populaires - Art - Ivoireland

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RomeoIvoire RomeoIvoire le 17 décembre 2024 à 22:00

En Côte d’Ivoire, l’art du graffiti ne se limite pas aux murs des quartiers populaires ou aux galeries d’art. Il s’est subtilement intégré à la vie quotidienne des Abidjanais, notamment à travers les véhicules de transport en commun tels que les gbakas et les Wôrô-wôrô. Ces minibus et taxis collectifs, emblématiques de la ville d’Abidjan, deviennent de véritables toiles mobiles, ornées de peintures vibrantes qui racontent des histoires, affichent des messages ou, tout simplement, donnent une identité visuelle à ces moyens de transport.

La pratique est devenue si courante et prisée que de nombreux chauffeurs n’hésitent pas à investir une somme considérable pour embellir leurs véhicules. Le phénomène, à la croisée des chemins entre street-art et culture populaire, donne une nouvelle dimension au graffiti et en fait une forme d'expression à la fois artistique et commerciale. Dans les ateliers de Yopougon, une commune d’Abidjan, des artistes se consacrent à cette discipline, redéfinissant le paysage urbain avec des œuvres uniques. Mais comment ce phénomène est-il né ? Quelles sont les motivations des chauffeurs à investir dans ce type d'art ? Et surtout, que représente ce graffiti pour les Abidjanais ?


Le Graffiti comme Identité Culturelle


Dans les rues animées d’Abidjan, les gbakas et Wôrô-wôrô ne passent jamais inaperçus. Ces minibus et taxis collectifs, qui sillonnent la ville jour et nuit, sont les véritables artères du transport public. Mais au-delà de leur fonction utilitaire, ces véhicules sont également devenus des supports d’expression visuelle. Leurs carrosseries, souvent décorées de portraits de célébrités, de scènes religieuses, de messages d’espoir ou de revendications sociales, attirent l’attention de tous ceux qui croisent leur chemin.

Le phénomène, bien qu’ayant pris de l’ampleur ces dernières années, n’est pas une nouveauté. Depuis plusieurs décennies, le graffiti a trouvé sa place dans le paysage abidjanais. Mais c’est véritablement avec l’essor du mouvement hip-hop dans les années 90, puis l'explosion des réseaux sociaux et de la culture visuelle dans les années 2000, que cette forme d'art a pris de l’ampleur sur les véhicules de transport en commun. "C’est une manière de se démarquer", explique un artiste de Yopougon. "Les chauffeurs veulent que leur véhicule soit reconnu, qu’il soit unique. Et le graffiti est le moyen idéal pour ça."

Le secteur du transport public à Abidjan est un véritable moteur économique. Les gbakas et Wôrô-wôrô constituent le principal moyen de transport pour une grande partie de la population, et les chauffeurs sont prêts à investir dans l’aspect esthétique de leurs véhicules. "Cela fait partie de l’image", précise Mamadou, chauffeur de gbaka à Abidjan. "Un véhicule décoré attire plus de clients. Les passagers aiment voyager dans des véhicules qui ont du style." Pour ces chauffeurs, le coût de la décoration, qui varie entre 40 000 et 50 000 francs CFA (de 60 à 76 euros), est un investissement qui rapporte. À Yopougon, un des quartiers les plus animés d’Abidjan, les ateliers comme celui de N’Guess Décor connaissent un véritable essor.

N’Guess Décor, un atelier reconnu de la commune, est un lieu emblématique où la magie du graffiti opère. Là, des artistes décorent les véhicules avec des techniques proches du graffiti traditionnel, mais adaptées aux exigences des chauffeurs. Les peintures sont réalisées à la main, souvent à la bombe, et parfois avec des pinceaux pour les détails plus fins. Les motifs varient en fonction des souhaits du client. Certains optent pour un portrait de célébrité, tandis que d’autres préfèrent des illustrations plus abstraites ou des scènes religieuses. "Chaque chauffeur a une idée précise de ce qu'il veut. Certains veulent des dessins simples, d’autres préfèrent des scènes plus complexes", explique l'un des artistes de l'atelier.

Une Pratique Artisanale au Coeur de la Ville


Le processus de création d’une œuvre sur un véhicule est un travail méticuleux. L’artiste commence par préparer la surface, en nettoyant soigneusement la carrosserie pour que la peinture adhère correctement. Puis, il esquisse le design à l’aide de croquis avant de passer à l’application des couleurs. "La peinture doit être résistante, car les véhicules sont constamment exposés aux intempéries. Les couleurs doivent tenir face à la chaleur, la pluie et les frottements", explique N’Guess, le propriétaire de l’atelier.

Les artistes qui se consacrent à cette pratique ont souvent un savoir-faire unique, une combinaison de techniques empruntées au graffiti et à la peinture classique. La créativité est essentielle, mais il faut aussi maîtriser les contraintes techniques liées à la décoration d’un véhicule en mouvement. "Chaque œuvre doit être réalisée avec soin. Le défi, c’est de donner une âme au véhicule tout en respectant les contraintes techniques", souligne l'artiste.

Si l’aspect esthétique du graffiti sur les véhicules est indéniable, il y a également une forte composante économique. Les chauffeurs de gbakas et Wôrô-wôrô voient dans cet investissement un moyen de se différencier et d'attirer davantage de passagers. "C’est aussi une question de visibilité", précise Mamadou, un autre chauffeur de Wôrô-wôrô. "Plus ton véhicule est beau, plus les gens veulent y monter. C’est une sorte de publicité ambulante."

Ce phénomène crée ainsi une dynamique intéressante où le graffiti devient un moteur économique, à la fois pour les artistes qui gagnent leur vie grâce à leur travail, et pour les chauffeurs qui profitent d'une clientèle fidèle. Les artistes qui réalisent ces décorations sont payés pour chaque projet et bénéficient d’une source de revenus stable. En retour, ils contribuent à l’essor d’une culture urbaine et d’un mode d’expression artistique qui, jusqu’à présent, n’avait pas la même visibilité en Côte d'Ivoire.

L'une des particularités du graffiti sur les gbakas et Wôrô-wôrô est son côté populaire et accessible. Contrairement aux galeries d'art ou aux expositions réservées à une élite, le graffiti sur ces véhicules est un art de la rue, un art accessible à tous. Les passants, les usagers des transports en commun, les enfants et même les touristes peuvent apprécier ces œuvres en déambulant dans les rues de la capitale économique ivoirienne. Le graffiti devient alors un moyen pour la culture urbaine d’atteindre une large audience, sans passer par les canaux traditionnels du monde de l’art.

En ce sens, cet art contribue à la démocratisation de la culture en Côte d’Ivoire. "Le graffiti sur les véhicules, c’est une façon de rendre l’art visible et accessible. Cela permet de toucher des gens qui n’iraient jamais dans une galerie ou un musée", explique l’artiste Abou, un habitué de l’atelier de N’Guess Décor.

Les gbakas et Wôrô-wôrô décorés sont également perçus comme des symboles de fierté pour les chauffeurs et leurs passagers. "Chaque véhicule a son histoire", précise N’Guess, "les dessins ont souvent une signification particulière pour celui qui les choisit. C’est un moyen de montrer sa personnalité, ses croyances ou ses passions."

Pour les passagers, le voyage prend une autre dimension lorsqu’ils montent dans ces véhicules ornés de peintures vibrantes. "C’est comme si on voyageait dans un tableau", explique Marie, une habitante d’Abidjan. "Ça fait partie de la vie ici. Les gbakas et Wôrô-wôrô sont plus qu’un simple moyen de transport, ce sont des œuvres d’art mobiles."

Alors que la culture du graffiti ne cesse de croître dans le monde, il est intéressant de se demander si ce phénomène va se généraliser dans les autres villes de Côte d’Ivoire, voire au-delà des frontières du pays. Les autorités, conscientes de l’impact de cet art dans le paysage urbain, commencent à s'intéresser à cette forme d'expression. Cependant, les autorités devront trouver un équilibre entre la préservation de l’esthétique urbaine et le soutien à cette forme d'art populaire.

À l’avenir, le graffiti sur les gbakas et Wôrô-wôrô pourrait-il devenir un secteur structuré avec des règles de régulation, ou restera-t-il un art de la rue, ancré dans une dynamique spontanée et libre ? Le succès de ce mouvement peut-il influencer d’autres formes d’expression artistique dans le pays ?

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Image de Art. En Côte d’Ivoire, l’art du graffiti ne se limite pas aux murs des quartiers populaires ou aux galeries d’art. Il s’est subtilement intégré à la vie quotidienne des Abidjanais, notamment à travers les véhicules de transport en commun tels que les gbakas et les Wôrô-wôrô. Ces minibus et taxis collectifs, emblématiques de la ville d’Abidjan, deviennent de véritables toiles mobiles, ornées de peintures vibrantes qui racontent des histoires, affichent des messages ou, tout simplement, donnent une identité visuelle à ces moyens de transport. La pratique est devenue si courante et prisée que de nombreux chauffeurs n’hésitent pas à investir une somme considérable pour embellir leurs véhicules. Le phénomène, à la croisée des chemins entre street-art et culture populaire, donne une nouvelle dimension au graffiti et en fait une forme d'expression à la fois artistique et commerciale. Dans les ateliers de Yopougon, une commune d’Abidjan, des artistes se consacrent à cette discipline, redéfinissant le paysage urbain avec des œuvres uniques. Mais comment ce phénomène est-il né ? Quelles sont les motivations des chauffeurs à investir dans ce type d'art ? Et surtout, que représente ce graffiti pour les Abidjanais ? Le Graffiti comme Identité Culturelle Dans les rues animées d’Abidjan, les gbakas et Wôrô-wôrô ne passent jamais inaperçus. Ces minibus et taxis collectifs, qui sillonnent la ville jour et nuit, sont les véritables artères du transport public. Mais au-delà de leur fonction utilitaire, ces véhicules sont également devenus des supports d’expression visuelle. Leurs carrosseries, souvent décorées de portraits de célébrités, de scènes religieuses, de messages d’espoir ou de revendications sociales, attirent l’attention de tous ceux qui croisent leur chemin. Le phénomène, bien qu’ayant pris de l’ampleur ces dernières années, n’est pas une nouveauté. Depuis plusieurs décennies, le graffiti a trouvé sa place dans le paysage abidjanais. Mais c’est véritablement avec l’essor du mouvement hip-hop dans les années 90, puis l'explosion des réseaux sociaux et de la culture visuelle dans les années 2000, que cette forme d'art a pris de l’ampleur sur les véhicules de transport en commun. "C’est une manière de se démarquer", explique un artiste de Yopougon. "Les chauffeurs veulent que leur véhicule soit reconnu, qu’il soit unique. Et le graffiti est le moyen idéal pour ça." Le secteur du transport public à Abidjan est un véritable moteur économique. Les gbakas et Wôrô-wôrô constituent le principal moyen de transport pour une grande partie de la population, et les chauffeurs sont prêts à investir dans l’aspect esthétique de leurs véhicules. "Cela fait partie de l’image", précise Mamadou, chauffeur de gbaka à Abidjan. "Un véhicule décoré attire plus de clients. Les passagers aiment voyager dans des véhicules qui ont du style." Pour ces chauffeurs, le coût de la décoration, qui varie entre 40 000 et 50 000 francs CFA (de 60 à 76 euros), est un investissement qui rapporte. À Yopougon, un des quartiers les plus animés d’Abidjan, les ateliers comme celui de N’Guess Décor connaissent un véritable essor. N’Guess Décor, un atelier reconnu de la commune, est un lieu emblématique où la magie du graffiti opère. Là, des artistes décorent les véhicules avec des techniques proches du graffiti traditionnel, mais adaptées aux exigences des chauffeurs. Les peintures sont réalisées à la main, souvent à la bombe, et parfois avec des pinceaux pour les détails plus fins. Les motifs varient en fonction des souhaits du client. Certains optent pour un portrait de célébrité, tandis que d’autres préfèrent des illustrations plus abstraites ou des scènes religieuses. "Chaque chauffeur a une idée précise de ce qu'il veut. Certains veulent des dessins simples, d’autres préfèrent des scènes plus complexes", explique l'un des artistes de l'atelier. Une Pratique Artisanale au Coeur de la Ville Le processus de création d’une œuvre sur un véhicule est un travail méticuleux. L’artiste commence par préparer la surface, en nettoyant soigneusement la carrosserie pour que la peinture adhère correctement. Puis, il esquisse le design à l’aide de croquis avant de passer à l’application des couleurs. "La peinture doit être résistante, car les véhicules sont constamment exposés aux intempéries. Les couleurs doivent tenir face à la chaleur, la pluie et les frottements", explique N’Guess, le propriétaire de l’atelier. Les artistes qui se consacrent à cette pratique ont souvent un savoir-faire unique, une combinaison de techniques empruntées au graffiti et à la peinture classique. La créativité est essentielle, mais il faut aussi maîtriser les contraintes techniques liées à la décoration d’un véhicule en mouvement. "Chaque œuvre doit être réalisée avec soin. Le défi, c’est de donner une âme au véhicule tout en respectant les contraintes techniques", souligne l'artiste. Si l’aspect esthétique du graffiti sur les véhicules est indéniable, il y a également une forte composante économique. Les chauffeurs de gbakas et Wôrô-wôrô voient dans cet investissement un moyen de se différencier et d'attirer davantage de passagers. "C’est aussi une question de visibilité", précise Mamadou, un autre chauffeur de Wôrô-wôrô. "Plus ton véhicule est beau, plus les gens veulent y monter. C’est une sorte de publicité ambulante." Ce phénomène crée ainsi une dynamique intéressante où le graffiti devient un moteur économique, à la fois pour les artistes qui gagnent leur vie grâce à leur travail, et pour les chauffeurs qui profitent d'une clientèle fidèle. Les artistes qui réalisent ces décorations sont payés pour chaque projet et bénéficient d’une source de revenus stable. En retour, ils contribuent à l’essor d’une culture urbaine et d’un mode d’expression artistique qui, jusqu’à présent, n’avait pas la même visibilité en Côte d'Ivoire. L'une des particularités du graffiti sur les gbakas et Wôrô-wôrô est son côté populaire et accessible. Contrairement aux galeries d'art ou aux expositions réservées à une élite, le graffiti sur ces véhicules est un art de la rue, un art accessible à tous. Les passants, les usagers des transports en commun, les enfants et même les touristes peuvent apprécier ces œuvres en déambulant dans les rues de la capitale économique ivoirienne. Le graffiti devient alors un moyen pour la culture urbaine d’atteindre une large audience, sans passer par les canaux traditionnels du monde de l’art. En ce sens, cet art contribue à la démocratisation de la culture en Côte d’Ivoire. "Le graffiti sur les véhicules, c’est une façon de rendre l’art visible et accessible. Cela permet de toucher des gens qui n’iraient jamais dans une galerie ou un musée", explique l’artiste Abou, un habitué de l’atelier de N’Guess Décor. Les gbakas et Wôrô-wôrô décorés sont également perçus comme des symboles de fierté pour les chauffeurs et leurs passagers. "Chaque véhicule a son histoire", précise N’Guess, "les dessins ont souvent une signification particulière pour celui qui les choisit. C’est un moyen de montrer sa personnalité, ses croyances ou ses passions." Pour les passagers, le voyage prend une autre dimension lorsqu’ils montent dans ces véhicules ornés de peintures vibrantes. "C’est comme si on voyageait dans un tableau", explique Marie, une habitante d’Abidjan. "Ça fait partie de la vie ici. Les gbakas et Wôrô-wôrô sont plus qu’un simple moyen de transport, ce sont des œuvres d’art mobiles." Alors que la culture du graffiti ne cesse de croître dans le monde, il est intéressant de se demander si ce phénomène va se généraliser dans les autres villes de Côte d’Ivoire, voire au-delà des frontières du pays. Les autorités, conscientes de l’impact de cet art dans le paysage urbain, commencent à s'intéresser à cette forme d'expression. Cependant, les autorités devront trouver un équilibre entre la préservation de l’esthétique urbaine et le soutien à cette forme d'art populaire. À l’avenir, le graffiti sur les gbakas et Wôrô-wôrô pourrait-il devenir un secteur structuré avec des règles de régulation, ou restera-t-il un art de la rue, ancré dans une dynamique spontanée et libre ? Le succès de ce mouvement peut-il influencer d’autres formes d’expression artistique dans le pays ?

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